Les syndicalistes francophones ne seraient « plus les bienvenus » chez SN Brussels Airlines

Son ancêtre, la Sabena – avec un « b » comme la Belgique – revendiquait fièrement son identité. Née sur les ruines de cette vénérable compagnie aérienne, déclarée en faillite en 2001 après l’échec d’une alliance avec Swissair, SN Brussels Airlines a préféré une référence à la capitale du royaume, ou plutôt à son statut de ville internationale. Faudra-t-il désormais la rebaptiser SN Flanders Airlines ? La question, un peu taboue dans ce pays qui, même fédéralisé, n’échappe jamais aux petites et grandes querelles linguistiques, se pose.

C’est la Centrale nationale des employés (CNE), branche des syndicats chrétiens francophones, qui l’a soulevé après avoir lu une lettre du directeur des ressources humaines de l’entreprise, désormais intégrée au groupe Lufthansa. Le dirigeant précise que l’organisation francophone sera désormais privée de son personnel permanent, le siège de l’entreprise étant établi à Diegem, à proximité immédiate de Bruxelles, mais sur le territoire de la Flandre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aérien : Didier Lebbe, le syndicaliste trublion, le fléau de Ryanair en Belgique

« Sscandaleux et totalement illégal, tempête, dans la vie de tous les jours Le Libre, Didier Lebbe, le représentant permanent de la CNE, célèbre pour sa dénonciation des conditions de travail dans une autre compagnie, Ryanair. Ce n’est pas à la direction de décider de leur représentation syndicale, mais aux salariés, quel que soit le lieu où se situe leur entreprise en Belgique.» il explique. Le SN Bruxelles semble être le premier à déroger à cette règle tacite et, pour M. Lebbe, le message est que les francophones « plus le bienvenu » dans la société « nationale », dont le siège opérationnel est en Flandre, mais le siège social est à Ixelles, une des 19 communes de la Région (bilingue) de Bruxelles-Capitale.

Personnel majoritairement flamand

Les passagers de SN ont remarqué depuis longtemps que son personnel est majoritairement flamand et un décret de 1973 oblige toutes les entreprises ayant un siège opérationnel dans la région néerlandophone à l’utiliser exclusivement dans les relations sociales entre employeurs et travailleurs. Une situation évidemment un peu contradictoire avec la vocation internationale de « Bruxelles » mais qui a un statut symbolique pour le monde politique flamand.

Le SN Bruxelles, toujours en quête d’équilibre, n’a-t-il pas, en réalité, voulu se débarrasser de l’encombrant M. Lebbe qui a mené, ces derniers mois, un combat acharné en faveur de l’amélioration du statut du personnel de bord ? La direction nie.  » Brussels Airlines est une compagnie belge qui respecte toutes les communautés (linguistiques) de Belgique et le dialogue social »» a-t-elle communiqué, comme elle a dû le faire en 2019, après une première tentative (avortée) de « flamishisation ».

Il vous reste 14,23% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.