LLe gouvernement afghan réfute les critiques concernant les violations des droits des femmes par les talibans. Ce jeudi 26 septembre, il a estimé que ces critiques, exprimées lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, étaient « infondées » et constituaient de la « propagande ». “Les accusations portées par certains pays ou partis contre l’Afghanistan de violations des droits de l’homme et de discrimination fondée sur le genre sont infondées”, a déclaré à l’Agence France-Presse le porte-parole adjoint du gouvernement taliban, Hamdullah Fitrat.
En début de semaine, l’actrice américaine Meryl Streep est venue aux Nations Unies pour présenter une version courte d’un nouveau film documentaire (Le tranchant de la paix) qui relate la participation de quatre dirigeants afghans aux négociations de Doha sur l’avenir de l’Afghanistan, avant la prise du pouvoir par les talibans. Elle a également affiché son ferme soutien aux femmes afghanes en exil, qui exhortent la communauté internationale à agir pour mettre fin à l’oppression exercée par les talibans sur les femmes.
“Aujourd’hui, un écureuil a plus de droits qu’une fille en Afghanistan parce que les parcs publics ont été fermés aux femmes et aux filles par les talibans”, a dénoncé Meryl Streep. « Un oiseau peut chanter à Kaboul, mais pas une fille, et une femme ne peut pas chanter en public », a-t-elle poursuivi. Et d’estimer : « Je pense que, si la communauté internationale s’unissait, elle pourrait apporter un changement en Afghanistan et mettre fin à la lente étouffement de la moitié de la population. »
“Personne n’est victime de discrimination en Afghanistan, (qui) protège les droits de l’homme”, a déclaré Hamdullah Fitrat, dénonçant “une propagande qui s’appuie sur les propos de quelques femmes (afghanes) exilées selon lesquelles la situation n’est pas bonne”.
Les talibans dans le viseur pour leur « mépris » des femmes
Par ailleurs, l’Australie, le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas ont annoncé à l’Assemblée générale de l’ONU qu’ils avaient engagé une procédure devant la Cour internationale de Justice de La Haye, aux Pays-Bas, contre les talibans pour leur « mépris » à l’égard des femmes. Les quatre pays veulent faire valoir que l’Afghanistan ne respecte pas la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, dont il est partie.
Le rapporteur spécial de l’ONU, Richard Bennett, a salué jeudi X “une étape importante vers la justice pour les crimes des talibans contre les femmes et les filles”. Richard Bennett, qui se voit refuser l’entrée en Afghanistan par les talibans, a appelé d’autres pays à se joindre à cette action et à « envoyer le message sans équivoque que la persécution et l’oppression de genre sont inacceptables ».
Je salue l’annonce faite hier par quatre pays de lancer une initiative visant à organiser #Afghanistan responsable des violations de #CEDEF ce qui marque une étape importante vers la justice pour les crimes des talibans contre les femmes et les filles.1/2https://t.co/i5Qu2k53MC
— Le rapporteur spécial de l’ONU, Richard Bennett (@SR_Afghanistan) 26 septembre 2024
Actuellement, les femmes afghanes ne peuvent plus étudier au-delà de l’école primaire, aller dans les parcs, les gymnases, les salons de beauté ou presque quitter leur domicile sans accompagnateur. Une loi récente leur interdit de faire entendre leur voix en public, en vertu, comme d’autres directives, d’une application ultra-rigoureuse de la loi islamique. L’ONU accuse ainsi les talibans d’avoir instauré un « apartheid de genre » depuis leur retour au pouvoir en 2021, en chassant progressivement les femmes de l’espace public.