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“Les tourments du monde m’accablent aussi, mais j’essaye de résister avec humour”

Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Mercredi 5 juin 2024 : le réalisateur et comédien, Bruno Podalydès. Il sort un nouveau film, “La Petite Vadrouille” avec Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, mais aussi son frère Denis.

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Temps de lecture : 5 minutes

Bruno Podalydès forme avec son frère l’une des fratries les plus connues du cinéma français. Il faut dire que ce n’est pas un hasard s’il est devenu scénariste, réalisateur et acteur. Son père, pharmacien, réalisait des westerns dans leur salon. De ces réalisations improvisées, il retiendra que la conviction est la plus belle arme, si on l’associe à la passion. Il a fait de cette transmission un métier et une manière de rester toujours auprès de son frère, malgré tout. Son premier film, Versailles Rive Gaucheen 1992, a été très remarqué, tout comme son court métrage Doncen 1994, sélection à la Mostra de Venise puis il y a eu la production deAdieu Berthe, funérailles de grand-mère (2012) qui a connu un énorme succès. Aujourd’hui, il est de retour avec La petite vadrouille avec Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, mais aussi son frère Denis Podalydès.

franceinfo : La petite vadrouille nous fait penser à Gérard Oury et Louis de Funès. L’humour semble être la base de votre existence et que souhaitez-vous mettre en avant ?

Bruno Podalydès : L’humour toujours là pour nous accompagner dans ce voyage difficile qu’est la vie. Avec Denis, ce qui nous a soudé très tôt, c’est le spectacle. C’est le côté obscur d’abord, les gens qui bougent, qui vendent des billets, le rideau rouge, la déco. Et au cinéma, ça continue. Dans La petite vadrouilleil y a quand même un côté très théâtral que Denis et moi aimons beaucoup.

On parle du couple, on parle de la famille, on parle aussi de l’importance de la confiance. Avec quoi voulais-tu dire La petite vadrouille ?

J’ai l’impression que si je ris de quelque chose et/ou partage un rire, nous comprenons cette chose assez profondément, assez instinctivement et ça suffit.

“Si je fais du cinéma, c’est plus pour montrer que pour dire.”

Bruno Podalydes

sur franceinfo

En 2003, le film était presque né puisque c’est à ce moment-là qu’on a commencé à faire des petits voyages en famille, des balades fluviales et qu’on s’est rendu compte qu’on pouvait se déplacer assez facilement d’un endroit à un autre en pilotant de petites barges. C’est le point de départ ?

Oui, le choix du décor, le fait de naviguer en bateau vous impose une allure de lenteur tout à fait acceptée. On ne dépasse pas les cinq nœuds et puis il y a des écluses à passer tout le temps. Au début, on se dit : “Ce devait être un poème” et finalement c’en est un, mais dans le bon sens du terme. On apprend à progresser, à regarder un canal. Dans chaque paysage, dans chaque bief, comme on dit, entre deux barrages, d’une manière un peu nouvelle, on tirer profit.

Il y a forcément de la poésie dans ce film. C’est un groupe d’amis. Il y a un couple au milieu qui a besoin de gagner de l’argent et ils vont proposer à un investisseur de lui organiser un voyage romantique car il veut séduire une femme. J’ai l’impression qu’il y a une vraie symbiose même sur les lieux de tournage. Comment avez-vous dirigé vos acteurs, dont vous faites également partie ?

Je les conduis comme je conduis une péniche, c’est à dire en douceur. Cette bonne ambiance est propice à jouer dans le bon sens du terme.

“Mon objectif, c’est que les acteurs soient à l’aise pour ne pas hésiter à oser, à en faire trop. Je n’ai pas vraiment envie de me contenter d’être juste. Je veux que ce soit un peu plus intense, comme le devrait une comédie.” être.”

Bruno Podalydes

sur franceinfo

Je suis un bon enfant. On a aussi toute cette chanson française que j’utilise dans chaque film, en pensant notamment à ma mère, prof d’anglais qui continue de beaucoup chanter. Et en termes d’imitation de films, ce qu’on faisait avec notre père, ces premiers gestes cinématographiques, c’était effectivement de courir dans l’appartement comme s’il s’agissait d’un western sur grand écran.

La poésie est aussi un des ingrédients de ce que vous proposez. Il y a toujours un côté un peu clownesque, le nez rouge, le clown blanc aussi par moment. Est-ce un ingrédient essentiel ?

Nous nous croyons intelligents et originaux, mais nous nous rabattons souvent sur de vieux schémas comiques ou burlesques. J’ai compris au milieu du tournage que du fait que j’étais un capitaine tout en blanc, j’étais le clown blanc et j’étais entouré d’Auguste.

Versailles Rive Gauche, seul Dieu me voit (1998) et Bancs publics (2008) sont nés de votre éducation. On sent que, dans un premier temps, cela donnait envie de mordre les humains. Vous restez néanmoins intrinsèquement humain, soucieux de ce qui se passe dans nos vies.

Je me dis humblement que la réalité a plus d’imagination que nous, scénaristes. Alors je dessine… Par exemple, si on voulait croquer la radio, la télévision au cinéma, je trouve qu’on devient vite caricatural. Si je viens dans votre studio, j’essaierai de regarder les petits détails qui font exister ce lieu avec sa singularité et le côté comique ou sa face cachée, enfin, ce qui nous fait sentir que la vie passe par là.

Quand j’ai fini de regarder La petite vadrouilleJe me demandais parfois si tu étais sérieux ou pas.

Les tourments du monde m’accablent aussi, mais j’essaie de résister avec humour. Evidemment, même quand je dis ça, je suis déjà trop sérieux.

Regardez cette interview en vidéo :

Juliette

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