“JEIl serait préférable de ne pas laisser cette licorne parmi nous.commente un visiteur devant La Dame à la LicorneUn tableau de Raphaël, quand le guide explique que ces créatures légendaires, extrêmement belliqueuses, n’épargnaient que les jeunes vierges. La scène se déroule au musée Jacquemart-André, qui fête sa réouverture après un an de travaux en accueillant une exposition intitulée « Chefs-d’œuvre de la galerie Borghèse ». Grâce à un déménagement exceptionnel, sous le commissariat conjoint de l’Italienne Francesca Cappelletti et du Français Pierre Curie, une quarantaine d’œuvres sont réunies dans cette demeure parisienne devenue musée, tout comme le palais Borghèse à Rome s’est lui-même transformé en pinacothèque.
A l’origine de cette prestigieuse collection, l’œil du cardinal Scipione Borghese (1577-1633), neveu du pape Paul V, qui fit construire dans les années 1610 sur la colline du Pincio une villa néo-antique, conçue pour son plaisir. L’Italie était alors en pleine Contre-Réforme, une époque où le goût baroque privilégiait le colorisme et la luxuriance des mélanges, les tableaux de chevalet facilement déplaçables plutôt que les fresques, faisant primer, même pour un cardinal, l’appréciation esthétique sur l’adoration religieuse. Il y a comme l’idée anticipée d’un musée imaginaire, d’un art des mélanges imaginant une continuité de civilisation entre les patriciens antiques et les seigneurs de l’après-Renaissance.
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