les Verts allemands, cibles privilégiées de la droite et de l’extrême droite

Sergey Lagodinsky, candidat des Verts aux élections européennes, Ricarda Lang, co-leader du parti des Verts, Robert Habeck, ministre de l'Économie et de la Protection du climat, Terry Reintke, co-leader de l'Alliance libre européenne des Verts au Parlement européen et tête de liste des Verts pour les européennes, Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, Omid Nouripour, co-leader du parti Vert, et Emily Buening, leader politique des Verts, lors du lancement de la campagne électorale des Verts allemands pour les élections européennes du 13 mai 2024 à Berlin.

Le poids des écologistes au prochain Parlement européen dépendra largement du score obtenu par les Verts allemands lors du vote du 9 juin. Actuellement, ces derniers détiennent à eux seuls 21 des 72 sièges du groupe Verts/Alliance libre européenne (ALE). Une conséquence des 20,5% qu’ils ont récoltés en 2019, le meilleur résultat de leur histoire à l’échelle allemande.

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Cette année, les élections européennes s’annoncent bien plus difficiles pour les Verts allemands. « Il y a cinq ans, nos thématiques étaient en tête de l’agenda. Nous avons été portés par une dynamique qui a notamment pris la forme de grandes manifestations de jeunes pour le climat, particulièrement importantes en Allemagne.se souvient Hannah Neumann, élue députée européenne en 2019, à l’âge de 35 ans. Aujourd’hui, le débat politique est radicalement différent. Les questions climatiques sont passées au second plan par rapport à d’autres préoccupations comme le pouvoir d’achat et l’inflation, ce qui nous complique évidemment les choses. »

Bien entendu, les Verts allemands ne sont pas les seuls à souffrir de cette évolution qui concerne toute l’Europe. Mais à ce handicap s’en ajoute un autre : le fait d’être au gouvernement, ce qui n’est le cas que des écologistes de trois autres pays de l’Union européenne, l’Autriche, la Belgique et l’Irlande. « En 2019, nous étions dans l’opposition, ce qui nous a permis de pointer facilement les erreurs du gouvernement. Depuis 2021, nous faisons partie du gouvernement. Nous n’avons donc plus ce levier pour faire campagne »explique Mmoi Neumann.

«Nous sommes des faire-valoir»

Lors des élections régionales d’octobre 2023 en Bavière et en Hesse, les Verts ont déjà payé cher leur participation à la coalition du chancelier social-démocrate Olaf Scholz (Parti social-démocrate, SPD) : dans ces deux Länder de l’ouest du pays, ils sont tombés de respectivement 3 et 5 points par rapport à 2018. Depuis, l’image du gouvernement fédéral ne s’est pas améliorée. Dans le dernier baromètre mensuel ARD-DeutschlandTrend, publié le 2 mai, 79% des personnes interrogées se déclarent insatisfaites du gouvernement, soit exactement le même pourcentage qu’à la veille des élections en Bavière et en Hesse. « Faire partie d’un gouvernement qui a une si mauvaise image est évidemment un problème et nous le paierons forcément lors des élections du 9 juin »anticipe l’eurodéputé Vert Martin Häusling, député européen depuis 2009 et en campagne pour un quatrième mandat.

« En tant que spécialiste des questions agricoles, j’ai pu mesurer, lors du récent mouvement de contestation paysanne, à quel point nous sommes des refoulements dans ce milieu mais aussi dans d’autres secteurs de la société, comme en témoigne la multiplication des attaques dont nous sont des victimes »poursuit M. Häusling. Sur les 2.790 crimes commis en 2023 contre des élus ou militants des sept partis représentés au Bundestag, 1.219, soit près de la moitié, ont visé les Verts. A eux seuls, ils ont été victimes d’un plus grand nombre d’actes criminels que les représentants du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) (478) et le SPD du chancelier Scholz (420).

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