L’espace, source d’inspiration artistique, au CNES
Dans le quartier des Halles à Paris, derrière la façade banale d’un immeuble des années 1980, se trouve le siège de l’agence spatiale française, le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES). Le papier peint galactique et le plafond étoilé du hall d’entrée nous plongent immédiatement dans une atmosphère astrale. Insigne autour du cou, des cosmonautes en civil y croisent des astrophysiciens. Silhouette longiligne, chevelure en broussaille comme le professeur Tournesol, lunettes d’érudit et visage rieur, Gérard Azoulay y dirige l’Observatoire de l’Espace depuis 2000. Un OVNI français créé par cet astrophysicien au sein du CNES, au tournant du millénaire, seul centre culturel institution au monde hébergée au sein d’une agence spatiale. Dans son bureau, une télévision avec magnétoscope intégré, des romans de Jules Verne empilés sur de beaux livres et une pile de CD.
Le directeur de l’Observatoire de l’Espace, Gérard Azoulay, est le médiateur d’un dialogue entre la science et l’art
Gérard Azoulay est le médiateur d’un dialogue entre la science et l’art. Le long temps de la recherche scientifique instille le travail des artistes. Des appels à projets et programmes sont organisés chaque année. Ils donnent lieu à plusieurs expositions collectives. Deux jeunes artistes plasticiens, Chloé Vanderstraeten et Clément Villiers, sont les lauréats du dernier appel à création sur le thème « Les acteurs de l’aventure spatiale », qui donnera lieu à une exposition en mars 2023 au CNES. Passer en revue, Espaceret un podcast, studio cosmique (diffusé sur Deezer, Spotify et Podcast Addict), prolongent cette offre éclectique.
Les artistes bénéficient de la puissance technique et de la richesse des archives spatiales du CNES. Sélectionnés par les équipes de l’Observatoire, photos, carnets, données et documents scientifiques en tous genres sont mis à leur disposition. Sylvie Bonnot, artiste photographe hébergée à l’Observatoire de l’Espace, souhaite « pousser l’archive spatiale à ses limites ». A partir de documents civils et scientifiques, et de l’observation de sites de lancement, dont ceux de Baïkonour (Kazakhstan) et de Kourou (Guyane), elle interprète à sa manière le rituel du lancement de fusées à travers un corpus photographique.
Erwan Venn, artiste plasticien en résidence à l’Observatoire de l’Espace, a écumé les archives institutionnelles du CNES pour élaborer le récit visuel de la base spatiale française, le Centre Spatial Guyanais, à Kourou. Dans le livre Kouroupoliil retrace, à travers une série d’aquarelles bleutées, l’histoire de son chantier, et à travers lui, celle de l’activité spatiale française : « Ce qui m’intéressait, c’était la dimension historique du lieu : la fabrique d’une ville nouvelle, et son côté Cergy-Pontoise, au cœur de la jungle »fait-il remarquer.
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Lemonde Arts