J.J’ai très rarement écouté l’Eurovision dans ma vie. Mais cette fois, j’étais littéralement scotché à mon téléviseur. Parce que j’attendais avec une certaine excitation et une grande inquiétude la venue du jeune et talentueux artiste israélien Eden Golan. Depuis plusieurs jours, je voyais monter cette tension perceptible et se répercuter dans les médias. Cette avalanche de déclarations ou de tweets incendiaires, exigeant qu’Eden soit banni de l’Eurovision.
Toute la cohorte des rebelles, islamo-gauchistes et autres, s’y est jointe les unes après les autres, tandis que les réseaux prenaient feu. Comme si le monde irait mieux si on empêchait cette jeune femme de 20 ans de chanter. Je dis de chanter et de ne pas organiser de rassemblement électoral. La punition (collective) s’est abattue sur elle, sans appel. Son crime impardonnable ? Être israélien. Sa double peine ? Devoir parler des souffrances perpétrées par les terroristes du Hamas contre les Israéliens le 7 octobre 2023. Cette avalanche de haine, « un pogrom au XXIee siècle », dont Indiquer avait écrit l’incroyable et terrible histoire (publiée chez Flammarion/Indiquer).
LIRE AUSSI Eurovision 2024 : les censeurs de Malmö et les « détails » du 7 octobreIl y avait aussi ces manifestations hostiles et bruyantes, ces rassemblements devant l’hôtel où dormait Eden, devenu comme un fort de Chabrol, que la police protégeait fébrilement. L’indescriptible Greta Thunberg lève les fonds et les arrière-cours du militantisme pro-palestinien. Cette fois, il ne s’agissait pas de pâquerettes et de biodiversité, mais de ces criminels qui seraient… tous israéliens. Et pour qu’Eden bouge, il a fallu un convoi impressionnant pour la protéger, comme on protégerait un président américain en exercice. Comment une telle folie a-t-elle pu arriver ?
Comment cette jeune femme a-t-elle pu résister à une telle pression ? Comment pourrait-elle ne pas s’effondrer ? Quelle force y avait-il en elle pour la faire chanter alors que les sifflets et les huées augmentaient ? Les enragés s’en sont donnés à cœur joie, se considérant comme de gentils justiciers. Oublier qu’Eden souffre aussi, non seulement parce que des Palestiniens meurent dans de terribles bombardements, dans de terribles destructions, ce qui est une tragédie, mais aussi parce que des prisonniers israéliens meurent également dans les prisons du Hamas.
DONC ? Ces gens courageux ont inventé un concept : le boycott
Pourtant, les occasions de s’indigner ne manquent pas pour nos esprits blasés, bien nourris et seulement menacés par les intempéries. Pourtant, ces mêmes esprits, pleins de bonne conscience, privilégient un seul motif d’indignation : les méfaits supposés (ou réels) d’Israël. Pourquoi devrions-nous boycotter Israël seul ? De plus, dans ces campagnes militantes, un amalgame est souvent opéré entre Israël, les Juifs et le capitalisme international. Un amalgame aux connotations historiques trop fortes pour pouvoir se développer en toute impunité.
Par ailleurs, le boycott vise à réduire une nation, composée d’individus aux opinions et engagements aussi différents que ceux qui existent en France ou ailleurs, en un seul ennemi désincarné et sans humanité. Il s’agit donc d’une punition collective aberrante. Un châtiment qui s’est abattu sur la jeune et jolie Eden. Et, dans cette logique manichéenne, les membres du Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël ne peuvent que semer la confusion, dégoûter et contrarier les Israéliens et tous ceux qui font campagne et travaillent pour la réconciliation israélo-palestinienne et israélo-arabe. Prenons un exemple. Là réside sans doute l’étonnant paradoxe de la position défendue par les membres du BDS, lorsqu’ils veulent boycotter les films, cinéastes, acteurs ou romanciers, romanciers, philosophes israéliens. La plupart de ces écrivains et cinéastes se révèlent être les meilleurs défenseurs de la cause palestinienne au sein de la société israélienne. Beaucoup d’entre eux sont les porte-parole de ceux qui, depuis des années, se battent pour la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël.
Mais les boycotteurs s’en moquent. Il s’agit en réalité de nazifier tout Israël, un incroyable paradoxe qui est infligé à un peuple qui a connu le plus grand génocide de l’histoire et dont chaque famille garde en mémoire un numéro tatoué sur l’avant-bras de l’un de nos déportés morts ou survivants. .
Alors, Eden a soutenu cette haine avec courage et volonté. Elle ne s’est pas pliée. Sa chanson parlait d’une tragédie. Cependant, ses larmes ont coulé après qu’elle ait chanté la chanson. Des larmes parce que la pression avait été trop forte. Des larmes parce qu’une insupportable étoile jaune lui était collée au cœur. Ce qui restera de tout cela, c’est une infamie qui s’est abattue sur la ville de Malmö et sur le concours Eurovision. Mais, finalement, c’est d’Eden dont nous avons parlé et c’est Eden avant tout qui a gagné la sympathie, l’amitié et, peut-être même, l’amour du public.