L’étonnante visite d’un ministre turc au Xinjiang

Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan à Caracas le 24 février 2024.

En visite officielle en Chine, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a passé une journée au Xinjiang, mercredi 5 juin. L’occasion d’une opération de propagande bien huilée pour Pékin dans la région autonome où vivent les Ouïghours, un peuple turcophone, et d’autres. « minorités » Les femmes musulmanes sont soumises à une répression extrême. La veille, M. Fidan avait été reçu par son homologue chinois, Wang Yi, pour discuter, entre autres, des pistes possibles pour réduire le déficit commercial abyssal, largement défavorable à la Turquie.

Le court voyage du chef de la diplomatie turque au Xinjiang est sans précédent. Il s’agit de la première visite d’un responsable turc dans cette région du grand ouest chinois depuis celle du président Recep Tayyip Erdogan en 2012. Une visite qui surprend car la Turquie, avec sa proximité culturelle et linguistique avec le peuple ouïghour et qui accueille sur son sol, une forte communauté ouïghoure ayant fui le Xinjiang, est le pays musulman qui a exprimé les plus vives critiques contre la politique répressive appliquée par Pékin dans cette région. Notamment contre le programme de camps de rééducation et de travail forcé mis en place depuis 2017.

Le rapport de la visite dans les pages de Quotidien du Xinjiang indique une pure opération de propagande, comme celle que la Chine a organisée avec de nombreux ministres et diplomates de pays du Sud, notamment musulmans, pour tenter de normaliser sa politique à l’égard des Ouïghours, justifiée par la « lutte contre le terrorisme », selon Pékin.

« Les cultures sont bien protégées »

«Quand je suis arrivé au Xinjiang, en Chine, j’ai découvert que les installations urbaines étaient parfaites, que la société était prospère et développée et que les cultures et les langues des différents groupes ethniques étaient bien protégées.»a déclaré M. Fidan, cité par le Quotidien du Xinjiang. Evoquant la coopération entre son pays et la région, il a exprimé l’espoir qu’à l’avenir « les deux parties travailleront ensemble pour renforcer la coopération antiterroriste ».

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Le quotidien officiel s’est toutefois abstenu de relayer les inquiétudes de M. Fidan concernant les Ouïghours, « avec qui nous avons des liens ethniques, religieux et culturels et qui revêtent pour nous une grande importance », a-t-il déclaré, selon une source citée par Reuters. Des inquiétudes exprimées « clairement »dit le journal turc pro-gouvernemental Sabah quotidien, citant M. Fidan s’adressant aux responsables chinois : « Vous connaissez la sensibilité du monde turc et islamique concernant la protection des droits culturels et des valeurs des Ouïghours turcophones. Atténuer ces inquiétudes et les raisons qui les provoquent bénéficierait à tous. »

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