L’Europe a tourné le dos au pacifisme

« Nous sommes en guerre. Et quand on est en guerre, il faut faire la guerre. C’est la paix que nous voulons, bien sûr, mais il faut la défendre. » Fin février 2020, Josep Borrell, le haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, n’a pas mâché ses mots.

Depuis la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, où siège l’Union africaine, l’homme d’État espagnol proclame que l’Europe doit s’affirmer sur la scène internationale. Son discours tombe à pic. Car les troubles au Sahel s’amplifient. Et, avec le Brexit, l’Union vient de perdre un acteur militaire majeur. En matière de paix, « Il ne faut pas être plus royaliste que le roi », il ajoute.

Quatre bonnes années plus tard, l’horizon s’éclaircit pour l’Arménie. Alors que le pays caucasien se détourne de plus en plus de son vieil allié russe et se retrouve isolé, l’Union européenne lui ouvre peu à peu ses portes. Littéralement : les États membres ont décidé fin juillet que les citoyens arméniens n’auraient plus besoin de visa pour entrer dans l’UE à l’avenir – même si les négociations entamées pourraient encore prendre quelques années.

En Arménie, cette décision a été accueillie avec enthousiasme. Et ce n’est pas la seule bonne nouvelle pour le pays. Au grand dam de l’Azerbaïdjan, son voisin et ennemi juré, les ministres de l’UE ont également décidé de lui apporter un soutien militaire, avec une aide initiale de 10 millions d’euros.

Poudre à canon

L’Europe atteint-elle la maturité géopolitique, comme l’a appelé en 2019 la présidente de la Commission européenne nouvellement élue, Ursula von der Leyen ? Oui, mais étape par étape. L’aide dont bénéficie l’Arménie provient en réalité d’un fonds récemment créé : la Facilité européenne pour la paix.

Avec cet instrument au nom quelque peu poli, l’Union entend, selon les termes de Borrell, garantir la paix en prévenant ou en gagnant des guerres.