liens avec Emmanuel Macron, clients douteux… 6 choses à savoir sur le cabinet de conseil au cœur du prochain Cash Investigation

Réforme des retraites, gestion de la campagne de vaccination contre le Covid-19, campagnes électorales… McKinsey est le fil conducteur de la politique menée par Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Élysée, comme en témoigne le titre de l’enquête diffusée par France 2 dans le cadre de son magazine Cash Investigation, « McKinsey, un cabinet au cœur du pouvoir ».

Durant le premier mandat d’Emmanuel Macron, Le Monde dénombrait près de 1 600 missions réalisées par des cabinets de conseil privés pour le compte de ministères et de leurs agences, dont une grande partie réalisée par le cabinet McKinsey.

La première rencontre entre Emmanuel Macron et McKinsey a eu lieu 10 ans avant son entrée à l’Élysée en 2007, alors que le futur président était inspecteur des finances et rapporteur général adjoint de la commission Attali. Il y a notamment rencontré Karim Tadjeddine, alors responsable des consultants de McKinsey. Trois ans plus tard, en 2010, les deux hommes intègrent le conseil d’administration du think tank « En temps réel », et y rencontrent Thierry Cazenave.

En 2014, Emmanuel Macron fait appel à Karim Tadjeddine comme consultant McKinsey pour l’aider à définir les contours d’un projet de loi qu’il baptise NOÉ, pour « Nouvelles Opportunités Economiques », qui ne verra jamais le jour.

Une fois à l’Élysée, Emmanuel Macron a créé la direction interministérielle de la transformation publique (DITP) et nommé à sa direction Thierry Cazenave, qui chapeaute l’ensemble des missions commandées à des cabinets de conseil privés, dont McKinsey. Karim Tadjeddine est, lui, en charge de ces missions pour l’État au sein du cabinet américain. Une proximité qui intrigue.

D’autant qu’une dizaine de consultants de McKinsey ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron en 2017 de manière « active », voire « intrusive » et surtout sur la base du volontariat, selon les « MacronLeaks », une fuite de données avant l’élection présidentielle de 2017. En février 2021, Le Monde révélait que cette aide de McKinsey à la campagne du candidat Macron ne laissait aucune trace d’une facture du cabinet dans les comptes de campagne du parti.

Des prestations qui poussent le Parquet national financier à ouvrir une information judiciaire en 2022 pour « tenue de comptes de campagne non conforme » et « sous-estimation d’éléments comptables ». L’objectif est d’établir si McKinsey n’a pas fourni au candidat d’En Marche des prestations qui auraient dû être comptabilisées dans les comptes de campagne.

Mais surtout, une autre enquête judiciaire a été ouverte pour « favoritisme » et « recel de favorabilité » pour déterminer si McKinsey n’a pas obtenu, en échange de ces prestations, des contrats publics une fois Emmanuel Macron au pouvoir.

Au cœur de cette deuxième enquête judiciaire se trouve le rapport du Sénat qui décrit comme un “phénomène tentaculaire” le recours aux cabinets de conseil par l’Etat depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Dans l’enquête qu’il a signée pour Cash Investigation, le journaliste Donatien Lemaitre a listé les contrats obtenus par McKinsey durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, auprès de trois organismes d’Etat : 39 millions d’euros pour la DITP dirigée de 2017 à 2019 par Thomas Cazenave, qui a travaillé aux côtés d’Emmanuel Macron et de Karim Tadjeddine au sein du think tank “En temps réel”.

32,5 millions pour l’Union des groupements d’achats publics (Ugap), la plus grande centrale d’achat de l’Etat, et 1,3 million pour les marchés de la Direction des achats de l’Etat (DAE). Soit 72,8 millions d’euros de commandes. Sur la période 2018-2021, un calcul du Monde évaluait à une quarantaine de missions pour le gouvernement ou différentes agences de l’Etat pour un total compris entre 28 et 50 millions.

La justice souhaite clarifier si ces contrats sont la contrepartie du travail fourni par les équipes du cabinet de conseil pendant la campagne. Elle cherche désormais à établir si ces contrats sont légaux et ont fait l’objet d’un appel d’offres, comme l’exige la loi pour les marchés publics.

Chicxulub. Selon Le Nouvel Obs, c’est le nom de code de l’opération lancée en septembre 2015 par Karim Tadjeddine pour aider Emmanuel Macron à remporter l’élection présidentielle de 2017. Un nom qui ne doit rien au hasard : c’est celui de l’astéroïde qui s’est écrasé sur la péninsule du Yucatan au Mexique il y a 66 millions d’années, provoquant l’extinction des dinosaures, une métaphore pour illustrer la fin du « vieux monde politique » avec l’élection d’Emmanuel Macron.

Pour parvenir à cet objectif, plusieurs réunions ont eu lieu de septembre 2015 à février 2016, tantôt à Bercy, tantôt dans les locaux de McKinsey, avec Karim Tadjeddine aux commandes, poursuit le magazine. Au total, 25 réunions ont eu lieu dans le but d’élaborer un site Internet pour lancer la candidature de Macron.

McKinsey connaît un succès croissant en France. Pourtant, entre 2011 et 2020, malgré un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros, l’entreprise n’a payé aucun impôt sur les sociétés, révèle la commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil.

Face aux accusations, McKinsey affirme n’avoir généré aucune rentabilité en France, une première pour un cabinet de conseil sur cette période, puis explique avoir payé « 422 millions d’euros d’impôts et de cotisations sociales », sans faire de distinction entre l’impôt sur les sociétés et les cotisations sociales versées sur les salaires de ses salariés. McKinsey explique également qu’une de ses filiales avait en réalité payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans, sans fournir plus de détails sur les montants.

Selon les sénateurs, McKinsey a déduit de ses bénéfices imposables en France de nombreux frais facturés à d’autres entités du groupe situées à l’étranger, comme s’il s’agissait de prestataires de services. Un mécanisme appelé “prix de transfert”, qui est légal dans la mesure où le groupe n’en abuse pas.

Des soupçons qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête du Parquet national financier pour blanchiment d’argent aggravé de fraude fiscale.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, McKinsey est au cœur des décisions prises à la tête de l’État. Dans une liste non exhaustive établie par Le Monde, et basée sur des données publiques, on découvre les contrats qui ont été confiés au cabinet de conseil.

Il leur a ainsi été demandé d’effectuer plusieurs missions pendant la crise du Covid pour un montant supérieur à 12 millions d’euros : accélération de la stratégie de vaccination contre le Covid-19 pour 2,9 millions, soutien à la vaccination contre le Covid pour 2,6 millions, mais aussi logistique de vaccination pour 1,2 million.

D’autres missions concernent la réforme des retraites et ses implications pour la caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), ou l’évolution du métier d’enseignant, une mission dont le contenu a été rendu public qui a coûté près de 500.000 euros, soit 3.312 euros par jour de consultant mobilisé, et dont le recours à “McKinsey ne présentait aucun intérêt démontré”, critique le Sénat dans un rapport.

Avec un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros, McKinsey multiplie les contrats à travers le monde, au point de voir sa réputation entachée par plusieurs polémiques. Le cabinet fait même l’objet d’un livre de deux journalistes du New York Times, « McKinsey, pour le meilleur et pour le pire ». Il « travaille de plus en plus pour des gouvernements autoritaires partout dans le monde ou pour des entreprises publiques qui contribuent à consolider le pouvoir de ces dernières », écrivent les auteurs du direct, rapporte Le Monde.

Aux Etats-Unis, au début du siècle, McKinsey a conseillé la société Enron, dont le PDG avait passé plus de 20 ans chez McKinsey. Sauf que la société a artificiellement gonflé ses profits et masqué ses pertes en utilisant des sociétés écrans pour gonfler sa valeur en Bourse. Le stratagème a été démasqué, la société s’est effondrée. La responsabilité de McKinsey a été mise en lumière par la presse financière.

Le rôle du cabinet de conseil dans le scandale des opioïdes aux États-Unis est également pointé du doigt. Selon des documents fournis par les plaignants, le cabinet de conseil aurait recommandé aux groupes pharmaceutiques de concentrer leurs produits sur les dosages les plus addictifs, car plus lucratifs. Entre 1999 et 2018, 500 000 Américains sont morts d’un abus d’opioïdes. En février 2021, McKinsey a accepté de payer 573 millions de dollars pour solder des poursuites intentées par 49 États américains.

En 2023, une enquête de l’AFP révélait comment le cabinet de conseil McKinsey avait influencé les organisateurs du sommet COP28 pour continuer à utiliser les énergies fossiles, pétrole et gaz en tête, des recommandations contraires à celles de l’Agence internationale de l’énergie.

En Afrique du Sud, McKinsey a été impliqué dans un scandale de corruption et de blanchiment d’argent en 2018, et a accepté deux ans plus tard de rembourser les sommes reçues via des contrats liés à la corruption.

Une telle multiplicité de clients conduit parfois à des conflits d’intérêts. McKinsey a pu avoir simultanément comme clients des laboratoires pharmaceutiques américains et l’agence fédérale qui veille à la sécurité des médicaments autorisés à la vente dans le pays, illustrent les journalistes qui ont rédigé l’enquête sur McKinsey.

Anna

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

Recent Posts

Présidentielle américaine : Kamala Harris défie Donald Trump de débattre à nouveau

La candidate démocrate Kamala Harris a lancé un défi à son adversaire républicain Donald Trump, ce samedi 21 septembre 2024,…

2 minutes ago

Après un match fou, Lille sauve le nul face à Strasbourg

Lille a mis fin à sa série de défaites en faisant match nul à domicile contre Strasbourg (3-3) au terme…

6 minutes ago

Angleterre : Liverpool avance

Liverpool a remis les pendules à l'heure samedi face à Bournemouth (3-0) à Anfield, théâtre d'une défaite surprise le week-end…

9 minutes ago

Lorient arrache le nul à Metz en Ligue 2

Dans une Ligue 2 particulièrement serrée en ce début de saison, où seulement trois points séparent le leader du 10e,…

10 minutes ago

Voici les détails sur lesquels se jouera le duel entre Donald Trump et Kamala Harris

jeLa Pennsylvanie n’a jamais mieux mérité le titre qu’elle a pris au 19e siècle.et siècle, « État Keystone », l'État…

13 minutes ago

Le Français champion du monde de relais mixte à Zurich, deux semaines après la victoire paralympique

Florian Jouanny, Joseph Fritsch et Johan Quaile ont remporté la course à Zurich, en Suisse. France Télévisions - Éditorial Sport…

17 minutes ago