Dans cette chronique publiée toutes les deux semaines, nous vous donnons des idées concrètes pour investir votre argent.
Investir dans une entreprise plutôt que dans une autre, c’est tenter de prédire l’avenir. Parfois, nous faisons de très bons choix ; d’autres fois, de très mauvais choix. Faisons l’exercice : quels titres québécois fallait-il acheter ou éviter il y a dix ans ?
Bien entendu, le passé ne garantit pas l’avenir. Les champions d’hier seront peut-être les retardataires de demain, et vice versa. Mais je pense qu’il est quand même utile de faire ici une liste des gagnants et des perdants des 10 dernières années parmi les plus grandes entreprises, regroupées dans l’Indice Québec 30. On y va!
Les cinq champions
1. AirCanada
Avec un rendement annualisé de plus de 26 % sur 10 ans, Air Canada surprend en tête de notre classement. Détestée par de nombreux voyageurs pour son service client médiocre, la compagnie aérienne a connu une croissance effrénée de 2013 jusqu’au début 2020, multipliant les destinations à travers le monde. Cependant, sa performance sur cinq ans a beaucoup souffert de la pandémie.
2. WSP Mondial
Pierre Shoiry
Photo prise sur le site Web de WSP Global
Pierre Shoiry a fait de Genivar, une petite entreprise québécoise, l’un des plus grands acteurs mondiaux en ingénierie. Pour y parvenir, l’entreprise a accumulé les acquisitions, notamment celle, en 2012, du géant britannique WSP, dont elle a récupéré le nom. Avec un rendement annualisé de 23 % sur 10 ans, WSP a rapidement fait oublier aux investisseurs son historique de collusion, pour lequel M. Shoiry a été sanctionné en 2020.
3. TFI International
En 1996, après avoir complété sa formation chez Saputo, Alain Bédard prend la tête d’une entreprise de camionnage qui deviendra TFI. Grâce à des acquisitions, une forte croissance interne et un management serré, TFI est aujourd’hui l’un des plus grands groupes de son secteur, ce qui lui a permis de générer un rendement annualisé de près de 23% sur 10 ans.
4. Dollarama
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
Il n’est pas difficile d’expliquer le rendement annualisé de plus de 22 % enregistré par Dollarama sur 10 ans. Depuis son introduction en bourse en 2009, le détaillant montréalais a vu son nombre de magasins passer de 600 à 1 500 et ses revenus passer de 1,3 milliard de dollars à 5 milliards de dollars. Prix bas, salaires modestes, gros profits : un business model à toute épreuve !
5. Alimentation Couche-Tard
Le détaillant lavallois est un favori des investisseurs et pour cause. Au cours des 10 dernières années, Couche-Tard a affiché un rendement annualisé de 21 % grâce à une combinaison d’acquisitions prudentes et d’une croissance soutenue. La multinationale est abonnée aux bonnes performances : son rendement annualisé depuis 1996 est de 25 %. Il faudra voir quel impact aura l’électrification des transports sur ses activités.
Les cinq retardataires
1. Bombardier
Avec un rendement annualisé de -5% sur 10 ans, la multinationale se situe en tête de la sous-performance, ce qui ne surprendra personne. Pari extrêmement audacieux, la C Series amène Bombardier au bord de la faillite. Mais depuis que l’entreprise s’est recentrée sur les avions d’affaires début 2021, la valeur du titre a plus que triplé.
2. Banque Laurentienne
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
L’action de la petite banque ne s’est jamais remise d’une affaire irrégulière de prêts hypothécaires, révélée fin 2017. Son rendement annualisé est à peine de 2,2% sur 10 ans. Conséquence de cette déception boursière : l’institution s’est récemment mise en vente, mais pour l’instant, aucun repreneur ne s’est manifesté.
3. Saputo
Active dans un secteur difficile où les marges bénéficiaires sont minces, Saputo a beaucoup souffert des restrictions liées à la pandémie. Négatif sur cinq ans, son rendement annualisé est d’à peine 4% sur 10 ans. Les analystes placent toutefois de l’espoir dans le plan stratégique dévoilé par l’entreprise en 2021.
4. Transcontinentale
Photo des Archives de l’AGENCE QMI
Rattrapée par la baisse de la demande d’impression de journaux et de circulaires, Transcontinental a réalisé un rendement annualisé de 5,8 % sur 10 ans. Le bilan serait encore moins rose si l’entreprise ne s’était pas diversifiée il y a quelques années dans le domaine du packaging.
5. Société d’énergie
Acquisition décevante de Putnam aux Etats-Unis, croissance modérée au Canada, investissements difficiles à suivre, notamment dans Lion Électrique et LMPG : des inquiétudes persistantes expliquent le rendement mitigé du conglomérat de 6,2% sur 10 ans. Petite consolation : Manuvie n’a pas fait beaucoup mieux.
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