L’odyssée japonaise du Français Nicolas Doucet

« L’amour du Japon a toujours été un facteur important dans ma vie », confie Nicolas Doucet, le Français au parcours atypique qui dirige le studio japonais à l’origine du jeu vidéo « Astro Bot », disponible vendredi sur PlayStation 5.

Dans un grand espace ouvert du siège tokyoïte de Sony Interactive Entertainment, entre une table de ping-pong et quelques poufs et canapés, trône un grand téléviseur devant lequel toute son équipe se réunit tous les quinze jours pour tester les dernières avancées du jeu.

“Jouer ensemble est important pour maintenir la cohésion de l’équipe”, a souligné le Français de 46 ans, lors d’une visite organisée fin août pour plusieurs médias dont l’AFP.

Team Asobi, son studio, a passé trois ans sur Astro Bot, un jeu de plateforme 3D mettant en scène de nouvelles aventures de son petit robot, raconte avec passion le Français. Pour mieux donner vie à son jeu, il associe l’action aux mots, imitant le bruit d’un volcan en éruption ou imitant le galop d’un cheval.

Le mot « magie » revient sans cesse dans la bouche du créateur lorsqu’il présente l’univers qui emmène Astro de planète en planète : « Cela vient des jeux avec lesquels j’ai grandi », sourit Nicolas Doucet.

– “Contaminé” dans le Gers –

Originaire d’Aignan, « un petit village » du Gers, au cœur du vignoble d’Armagnac (sud-ouest), il dit avoir baigné très tôt dans la culture pop japonaise, comme beaucoup d’autres de « cette génération de Français qui a grandi avec le Club Dorothée ».

Il y avait dans le village “un gamer qui importait ses consoles et qui nous a tous contaminés. On avait 14 ans, on jouait à des jeux entièrement en japonais, on ne comprenait rien, mais on les avait un ou deux ans d’avance. Ça a cristallisé en nous cet amour du Japon”, raconte-t-il.

Vouloir devenir le premier

Professeur d’anglais, il s’exile à Londres où il découvre par hasard le monde du jeu vidéo, travaillant chez Eidos, Electronic Arts et Lego, puis chez Sony pour travailler sur l’EyeToy, une caméra qui permet de jouer à des jeux grâce à la reconnaissance de mouvements.

« J’ai toujours été immergé dans les jeux vidéo super accessibles où les gens s’amusent », explique-t-il. Puis, au début des années 2010, il a demandé à rejoindre le siège japonais de Sony, « un rêve d’enfant devenu réalité ».

Son équipe avait initialement pour mission d’explorer les applications ludiques de diverses technologies, notamment en créant « Astro Bot Rescue Mission » pour le casque de réalité virtuelle PlayStation VR.

Fin 2020, la PlayStation 5 est sortie, livrée préinstallée avec « Astro’s PlayRoom », conçue pour tirer pleinement parti des capacités de son contrôleur.

“Astro Bot” se veut une prolongation de ces premières aventures, à une vitesse supérieure : sans répit, Astro court, vole, nage, patine, grimpe, perce, s’essore comme une éponge ou se transforme en souris à travers une cinquantaine de planètes aux douces teintes.

– “Les mains dans le cambouis” –

Le jeu utilise la technologie pour améliorer l’immersion avec le « retour haptique » présent dans la manette, une technologie également utilisée dans les smartphones, permettant au joueur de « ressentir » si le personnage marche dans l’herbe, sur un chemin rocailleux ou sur une surface métallique.

Astro Bot multiplie également les clins d’œil aux autres jeux PlayStation, de « God of War » à « Uncharted » ou « Horizon » en prévision du trentième anniversaire à la fin de l’année de la console, et alors que des rumeurs circulent sur l’annonce prochaine d’une « PS5 Pro » aux performances améliorées.

L’effectif de Team Asobi a presque doublé en quatre ans mais reste volontairement restreint « pour que chacun travaille directement sur le jeu », souligne Doucet. « On a vraiment envie de mettre les mains dans le cambouis. »

Ni structure japonaise classique, ni équipe de style occidental, le studio compte des membres de 16 nationalités, réunissant « le meilleur des deux mondes », selon Doucet, qui dit admirer la « précision » de finition des développeurs japonais.

« Faire un jeu de plateforme au Japon a vraiment du sens, car c’est un pays où historiquement la qualité, la précision des commandes a toujours été au top, dans les jeux d’arcade ou de combat par exemple. »

« J’ai beaucoup de respect pour les membres de l’équipe qui ont ça dans le sang », dit-il. « Parfois, je me dis : “Vous avez vraiment de la chance de pouvoir faire ça.” »

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