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Harris devrait remporter les élections de novembre, prédit un historien américain

Oubliez les sondages, laissez tomber les bases de données et arrêtez d’envoyer des journalistes dans les Etats-clés : l’historien Allan Lichtman, grâce à sa méthode des « 13 clés », assure que Kamala Harris va remporter l’élection américaine de novembre. Dans sa maison de Bethesda, en banlieue de Washington, il décrit à l’AFP ce procédé qui lui permet de prédire tous les quatre ans le grand vainqueur de l’élection présidentielle américaine. Une méthode qui a fait ses preuves. Depuis l’élection de 1984, le professeur d’histoire de l’université américaine de Washington a prédit correctement le vainqueur, sauf une fois. En 2000, sa méthode des « 13 clés » avait donné la victoire au démocrate Al Gore sur George W. Bush. Après des résultats controversés, c’est le républicain qui est finalement élu à la suite d’une décision de la Cour suprême. Hors sondages d’opinion, ses prédictions s’appuient sur une série d’affirmations sur l’administration au pouvoir, actuellement celle de Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris. Si au moins six de ces affirmations – ou les « clés » – sont fausses, l’élection ira à l’adversaire, en l’occurrence cette année le candidat républicain Donald Trump. – Seulement trois « clés » – Par exemple, l’une des « clés » pour que le parti du président remporte l’élection présidentielle est de gagner des sièges lors des dernières élections de mi-mandat. Les démocrates ont perdu le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2022, donc cette « clé » est considérée comme « fausse » et fait pencher la balance en faveur de Donald Trump. D’autres « clés » jouent en faveur de la candidature républicaine : le retrait de Joe Biden pour sa vice-présidente Kamala Harris fait perdre à la démocrate celle de présidente « sortante », un avantage clé. Malgré l’optimisme suscité par la candidature de Kamala Harris dans son parti, l’historienne indique qu’elle ne remplit pas les conditions d’une autre « clé », à savoir être une candidate charismatique, qui ne se présente « qu’une fois par génération » comme Ronald Reagan ou Franklin Roosevelt. Des points qui vont donc pour Donald Trump, mais pour les autres « clés », c’est Kamala Harris qui l’emporte. Par exemple, les grandes lois sur l’environnement ou les infrastructures sous l’administration Biden cochent la case du « changement politique majeur » initié par le candidat actuellement au pouvoir. La vice-présidente gagne aussi des points sur l’exigence qu’il n’y ait pas de scandale majeur, ou sur le fait que le candidat indépendant Robert Kennedy Jr. ne soit plus en course. Après quelques calculs, seules trois « clés » tombent dans les mains du républicain. Pour gagner, il lui en faudrait six. Kamala Harris pourrait s’offrir une « clé » supplémentaire sur la politique internationale, si l’administration Biden réussit à conclure un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza. « Je n’aime pas spéculer, car le diable est dans les détails, mais cela pourrait être vu comme un grand succès », explique Allan Lichtman. – « Depuis 40 ans » – Mais ces « 13 clés » ne sont-elles pas de nature spéculative ? Par exemple, comment définit-on un leader charismatique ? “Je fais ça depuis 40 ans. Je crois avoir entendu toutes les questions imaginables”, répond-il. “+Vos clés ne sont-elles pas subjectives+ ? J’ai évidemment une réponse à cela, elles ne le sont pas, elles sont basées sur le jugement.” “Nous avons affaire à des êtres humains. Les historiens font des affirmations tout le temps, et elles sont soumises à des critères stricts”, dit-il. Au milieu du “bruit” politique ambiant, Allan Lichtman réduit les élections présidentielles à de simples “votes pour ou contre les forces et les performances du parti qui occupe la Maison Blanche”. Sa méthode se concentre ainsi sur les années de pouvoir plutôt que sur la campagne électorale, car en réalité “on oublie presque tout ce que propose un candidat”.