Cette mesure fait suite à un rapport de l’ONU sur le vol d’aide humanitaire destinée à nourrir les populations en insécurité dans ce pays africain.
L’Union européenne a temporairement suspendu le financement du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies en Somalie, a rapporté mardi Reuters, citant deux hauts responsables de l’UE.
Cette décision intervient après qu’une enquête de l’ONU aurait découvert une tendance croissante au vol et à l’utilisation abusive de l’aide destinée à éviter la famine dans la Corne de l’Afrique, où le PAM avait prédit plus tôt cette année que 6,6 millions de personnes seraient confrontées à des niveaux de faim critiques.
Un haut responsable européen anonyme qui s’est entretenu avec Reuters a affirmé que l’enquête de l’ONU avait révélé que des propriétaires fonciers, des gouvernements locaux, du personnel de sécurité et des travailleurs humanitaires étaient tous impliqués dans le détournement d’aide alimentaire destinée à la population en situation d’insécurité alimentaire.
L’aide sera rétablie une fois que le PAM aura satisfait à certaines exigences, notamment la sélection des partenaires locaux en Somalie, selon la source.
Selon les données de l’ONU, la Commission européenne a fourni l’année dernière plus de 7 millions de dollars d’aide aux efforts humanitaires de l’agence en Somalie. Alors que certains États membres du bloc auraient donné beaucoup plus d’argent sur une base bilatérale, il n’est pas clair si l’un d’entre eux emboîtera le pas en suspendant temporairement son aide.
Balazs Ujvari, porte-parole de la Commission européenne qui n’a ni nié ni confirmé la suspension de l’aide, selon Reuters, a déclaré que le bloc n’avait pas reçu d’informations de ses partenaires de l’ONU sur un impact financier sur les projets financés par l’UE.
«Néanmoins, nous continuerons de surveiller la situation et de respecter notre approche de tolérance zéro en matière de fraude, de corruption ou de mauvaise conduite.« , a déclaré Ujvari, cité par Reuters.
Mardi, le journal Devex a publié le contenu d’un rapport de juillet commandé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans lequel des personnes déplacées internes (PDI) en Somalie affirmaient que certaines autorités les avaient forcées à payer jusqu’à la moitié de l’aide en espèces qu’elles recevaient.
Les autorités locales, y compris la police, ont mis en place un système de taxation sur les bénéficiaires de l’aide financée par les États-Unis, avec des menaces d’arrestation, de violence physique ou de refus de l’assistance vitale pour ceux qui refusent de s’y conformer, selon le «hautement confidentiel» Rapport de l’ONU.
Le PAM et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) ont interrompu en mai les livraisons de nourriture vers la région éthiopienne du Tigré, déchirée par la guerre, affirmant que les approvisionnements étaient détournés.
Selon l’un des hauts responsables de l’UE interrogé lundi par Reuters, la Commission européenne fournit 10 millions d’euros (10,69 millions de dollars) pour soutenir la Somalie et l’Éthiopie par l’intermédiaire du PAM.
La porte-parole de l’USAID, Jessica Jennings, a déclaré que les États-Unis travaillaient avec des partenaires pour évaluer et comprendre l’ampleur du détournement à Mogadiscio.
«(Nous) prenons déjà des mesures pour protéger les bénéficiaires et garantir que l’argent des contribuables soit utilisé au profit des personnes vulnérables en Somalie, comme prévu.« , a déclaré Devex citant Jennings.
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