LVMH récompense les créateurs les plus prometteurs

C’est devenu l’un des événements les plus attendus du microcosme pour ceux qui veulent pressentir l’avenir de l’industrie. Cette année encore, le prix LMVH pour les jeunes créateurs de mode n’a pas déçu les happy few invités ce mardi 10 septembre à la Fondation Louis-Vuitton à Paris. Devant les toiles d’Ellsworth Kelly, actuellement à l’honneur dans le musée, deux grandes étagères suspendues accueillaient quelques-unes des pièces imaginées par les huit finalistes de cette onzième édition.

La crème de la crème

Sur scène, Delphine Arnault, fondatrice du prix et PDG de Dior, était accompagnée de huit des directeurs artistiques des maisons du groupe qui ont comme chaque année pour mission de désigner les lauréats. La crème de la crème qu’on voit rarement réunie au même endroit : de Marc Jacobs à Jonathan Anderson (Loewe) en passant par Maria Grazia Chiuri (Dior) et Pharrell Williams (collections homme Louis Vuitton), en visioconférence depuis Toronto. Sans oublier la créatrice aussi discrète que vénérée Phoebe Philo, dont la nouvelle marque éponyme électrise ses anciens clients de l’ère Celine.

Un peu derecyclage

Alors, à quoi ressemble le millésime 2024 ? Présenté par l’actrice Natalie Portman, égérie Miss Dior, le prix LVMH, doté de 400 000 euros et d’un an de mentorata été décerné à la Suédoise Ellen Hodakova Larsson, 32 ans, dont la marque Hodakova apporte une approche très couture à la pratique derecyclagecette façon de réutiliser des vêtements existants.

Dans ce domaine, sa robe réalisée avec des ceintures en cuir recyclé et celle entièrement cousue avec des épingles à coudre ont conquis l’œil averti du jury. « De ce cadre défini naît la créativité. Ces limites nous obligent à repousser les limites. Ce prix me permettra de continuer à développer ma marque, tout en gardant le juste équilibre et en travaillant sur la approvisionnement “Nous ne pouvons plus continuer à surproduire”, a-t-elle déclaré, très émue, après avoir reçu le prix. Son défilé prévu à Paris le 24 septembre prochain s’annonce déjà comme l’un des moments forts de la prochaine Fashion Week.

En l’honneur de Karl Lagerfeld

L’acteur Robert Pattinson, autre égérie Dior, a remis le prix Karl Lagerfeld, créé en hommage au couturier qui fut jusqu’à sa mort le directeur artistique de Fendi (autre maison du groupe LVMH). Le Néerlandais Duran Lantink, 36 ans, a reçu 200 000 euros et un an de mentorat, récompensant ses pièces dont l’ampleur redéfinit, et questionne, les formes du corps – on l’avait déjà repéré sur plusieurs défilés. Enfin, cette édition 2024 a vu le lancement du prix du savoir-faire, décerné à une « marque dont les engagements en termes d’artisanat, de durabilité et d’innovation ont convaincu le jury et reflètent aussi les valeurs de notre groupe », a déclaré Delphine Arnault, qui a créé le concours.

Nouveau prix

Un nouveau prix qui marque également l’investissement de LVMH dans les métiers d’art à travers ce nouvel espace parisien baptisé La Main. En plus d’une dotation de 200 000 euros et d’un an de mentoratle gagnant, l’Irlandais Michael Stewart de Standing Ground, se voit offrir une collaboration avec la maison de broderie du Vermont.

La sélection du Prix LVMH est suivie de près par les professionnels car, depuis sa création en 2014, le concours a révélé plusieurs créateurs qui ont par la suite bouleversé le monde de la mode, parmi lesquels Grace Wales Bonner, lauréate en 2016, et Marine Serre, en 2017, ou encore Simon Porte Jacquemus, qui a reçu le Prix Karl Lagerfeld en 2015. Sans compter qu’il permet au groupe de luxe de garder un œil sur la nouvelle génération et les potentiels futurs directeurs artistiques. Plus précis qu’une boule de cristal.