Après le coup de tonnerre de la dissolution, Emmanuel Macron dévoile mercredi son plan de bataille afin de tenter d’arracher une “majorité claire” pour la suite du quinquennat et de contrer le Rassemblement national, aux portes du pouvoir.
Le président, qui avait promis de revenir très vite auprès des Français après sa décision surprise dimanche de dissoudre l’Assemblée nationale au soir d’élections européennes catastrophiques pour son camp, donne une conférence de presse à 11h00 au Pavillon Cambon Capucines à Paris.
“Je vais là-bas pour gagner”, a-t-il insisté dans Le Figaro Magazine, affirmant vouloir “tendre la main à tous ceux qui sont prêts à venir gouverner” avec lui et excluant toute démission quelle qu’en soit l’issue. du scrutin.
A 18 jours du premier tour, le 30 juin, les grandes manœuvres ont déjà commencé avec le ralliement du leader républicain Eric Ciotti au Rassemblement national et la décision des forces de gauche de s’unir au sein d’un « Front républicain ».
Chez LR, le psychodrame ouvert par l’annonce de M. Ciotti doit se poursuivre mercredi, avec la convocation par la N.2 du parti Annie Genevard d’un bureau exécutif exceptionnel, suivie d’une conférence de presse.
Le président du RN Jordan Bardella, qui deviendra Premier ministre si son parti l’emporte au soir du second tour le 7 juillet, et la figure de proue du parti Marine Le Pen comptent bien surfer sur leur victoire historique dimanche avec 31,37% des suffrages. les votes. voix pour réussir à unir les droits.
Emmanuel Macron, de son côté, espère rallier les LR qui rejettent cette union, ainsi que les sociaux-démocrates réfractaires à toute alliance avec les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon.
– “Main tendue” –
Quelle part prendra Emmanuel Macron dans la campagne ? Quelles démarches est-il prêt à entreprendre en direction de LR et du centre-gauche ? Et si le RN arrivait à Matignon ? Autant de questions l’attendent mercredi matin.
En attendant, le Premier ministre Gabriel Attal, discret depuis l’annonce de la dissolution, a annoncé mardi soir sur TF1 qu’il allait “mener la campagne” du camp présidentiel.
Plusieurs cadres de la majorité souhaitaient qu’il soit en pointe de la campagne plutôt qu’Emmanuel Macron dont l’impopularité a déjà été lourdement sanctionnée auprès des Européens.
L’ancien Premier ministre Edouard Philippe, président d’Horizons, a également jugé “pas tout à fait sain” que le président s’implique trop, soulignant au passage la “colère” suscitée dans l’opinion par la dissolution et le “risque considérable de voir le RN arriver au pouvoir”.
En franchissant le Rubicon d’une alliance avec l’extrême droite, le patron des Républicains a déclenché un torrent d’indignation bien au-delà de son camp. “Eric Ciotti signe les accords de Munich et fait la honte à la famille gaulliste”, a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
– Plus fort désunis –
A l’inverse, Marine Le Pen a salué “le choix courageux” et “le sens des responsabilités” du président des Républicains, et espéré “qu’un nombre important de cadres LR le suivront”.
Le projet d’alliance avec la Reconquête d’Eric Zemmour a toutefois fait long feu. Le RN “refuse le principe même d’un accord” avec Reconquête pour ne pas être “associé” à Eric Zemmour, a déploré Marion Maréchal, également nièce de Marine Le Pen.
Les quatre principaux partis de gauche (LFI, PS, Écologistes, PCF), ainsi que le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et Générations, réclament « des candidatures uniques dès le premier tour ».
Mais le choix d’un leader reste en suspens.
Le cas Mélenchon, accusé notamment d’ambiguïtés sur la question de l’antisémitisme, crispe une partie de la gauche.
Pendant ce temps, le RN, poursuivant sur sa lancée, a recueilli 35% des intentions de vote au premier tour des législatives, soit plus qu’aux européennes (31,37%), selon une enquête Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro. et Sud Radio présenté mardi.
La gauche est créditée d’un meilleur score si elle sort en ordre dispersé (32%) qu’unie (25%). La majorité présidentielle s’en sortirait cependant mieux contre une gauche unie (18%) que contre une gauche divisée (16%).
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