Maddly Bamy est attendu samedi au port de Zeebrugge, en Belgique, aux côtés de Piet et Gustaaf Wittevrongel, les deux frères flamands à l’origine de cette relance.
Publié
Temps de lecture : 3 minutes
L’ancienne danseuse et comédienne guadeloupéenne, aujourd’hui installée dans le Morbihan, sera l’invitée d’honneur de la cérémonie. Même si elle assure que les hommages doivent d’abord être destinés au duo Wittevrongel, qui a réussi à restaurer ce morceau du patrimoine maritime, au terme d’un parcours chaotique de 17 ans, avec quasiment aucune aide publique.
Maddly Bamy a traversé deux océans avec Jacques Brel il y a un demi-siècle pour rejoindre les îles Marquises. Compagne de fin de vie de la chanteuse, elle se replonge dans cette aventure à l’occasion du baptême du navire Askoy II, restauré de fond en comble : “un rêve extraordinaire (comme les frères Wittevrongel) fini par comprendre‘”, déclare-t-elle avec admiration. “Quand on pense à l’état de ce bateau lorsqu’ils l’ont trouvé. C’est énorme ce qu’ils ont fait. Il a fallu se battre pour arriver au bout“, insiste Maddly Bamy.
Très malade à bord
Pour Jacques Brel (1929-1978), l’aventure de l’Askoy II commence en 1974, lorsqu’il quitte le port d’Anvers, emmenant avec lui Maddly et sa fille France, qui quitte le navire au bout de six mois, dans l’Ouest français. Indes. La traversée s’avère mouvementée, Brel découvre qu’il est atteint d’un cancer et doit faire plusieurs allers-retours en Europe pour se faire soigner.
L’auteur de Ne me quitte pas n’abandonne pas pour autant et jette finalement l’ancre aux Marquises, en Polynésie, où il passe les dernières années de sa vie avec Maddly Bamy, loin des siens. Aujourd’hui, près de 46 ans après la disparition de Brel (en octobre 1978), Maddly Bamy dit encore : «connecté à lui 24 heures sur 24, tous les jours“.”Je m’assois au piano et ça chante en moi“, confie-t-elle.
Les Marquises, Californie, Fidji, Nouvelle-Zélande
Le voyage aux Marquises avec l’Askoy II, un voilier de 19 mètres, lourd et exigeant, pour lequel elle avait elle-même appris les bases de la navigation, a été la preuve du “immensité des rêves“du chanteur belge emblématique.”C’est un homme qui ne voulait pas rester en place, il voulait aller ailleurs et voir comment vivent les autres. Il est parti en se disant ‘Je lâche tout, je traverse le monde s’il le faut'”, poursuit Maddly Bamy, 80 ans.
La vie du bateau ne s’arrête pas lorsque Brel décide de le vendre en Polynésie, pour se reconvertir en pilote d’avion amateur. Avec au moins trois propriétaires aux commandes, l’Askoy II a ensuite mis le cap sur la Californie et les îles Fidji, avant de s’échouer sur une plage de Nouvelle-Zélande. C’est là qu’arrivent les frères Wittevrongel, toujours étroitement liés à l’aventure maritime de Brel puisque c’est dans la voilerie familiale, à Blankenberge, que ce dernier venait s’équiper avant de repartir.
« L’un des plus beaux yachts du monde »
Lorsque Piet et Gustaaf apprennent dans les années 2000, lors d’une conversation sur Brel, que des traces du bateau avaient été retrouvées aux antipodes, ils décident de le rapatrier sur les côtes belges. Décrit dans les années 1960 par les spécialistes comme l’un des plus beaux yachts du monde, le voilier n’était alors plus qu’une coque vide, rongée par la rouille.
Samedi à Zeebrugge, l’Askoy II ne quittera pas forcément le port pour naviguer, mais Piet Wittevrongel assure qu’en plus de la coque et des boiseries intérieures toutes neuves, les mâts sont désormais dressés pour hisser les voiles, “une rénovation complète“.