Après des décennies de tensions et d’incompréhensions, la Grèce et la Turquie commencent à normaliser leurs relations. Or, le président turc vient de confirmer la conversion d’une église orthodoxe en mosquée, au grand dam d’Athènes.
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L’église Chora, recouverte de fresques et de mosaïques, est un trésor du patrimoine byzantin, située dans les quartiers historiques d’Istanbul, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a été transformée une première fois en mosquée par les Turcs ottomans en 1511, puis une seconde fois en 2020, par décret présidentiel. Cette décision intervient juste après la réouverture de l’ancienne Sainte-Sophie au culte musulman.
L’annonce avait fait grincer des dents les dirigeants grecs, mais avec beaucoup de travail, les choses se sont un peu calmées et ce n’est que le 6 mai 2024, au lendemain de la Pâque orthodoxe, que les premiers fidèles musulmans sont entrés pour prier et que l’indignation grecque s’est réveillée.
« Ce n’est pas une façon de traiter le patrimoine culturel »a déclaré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qui juge la mesure “inutile” Et “provocant”spécialement depuis « Franchement, les mosquées d’Istanbul ne sont pas une denrée rare ». Il a réitéré son désaccord lors de sa visite en Turquie le 13 mai, mais en vain, le dirigeant turc a confirmé que les lieux sont désormais dédiés au culte musulman.
Recep Tayyip Erdogan n’a jamais cessé de promouvoir l’islam politique. Ce resserrement religieux, entamé en 2020, visait à flatter son électorat conservateur et nationaliste, alors que la Turquie traversait déjà une grave crise économique et sociale.
Quatre ans plus tard, la situation est encore pire, puisque l’inflation frappe le budget turc et que le jeu politique a été complètement remodelé, au détriment de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan mis en déroute lors des dernières élections municipales. La position inflexible du chef de l’Etat peut être interprétée aujourd’hui comme une concession aux franges les plus islamistes du pays.
Cette décision n’a cependant pas empêché la Grèce et la Turquie d’officialiser leur rapprochement et les deux dirigeants, qui se sont rencontrés quatre fois en dix mois, ont signé en décembre 2023, un « déclaration d’amitié et de bon voisinage ».
Mais les sujets de tension restent nombreux, entre la question de Chypre divisée, celle de l’église de Chora et plus que jamais celle du Hamas, que Recep Tayyip Erdogan n’a jamais voulu reconnaître comme organisation terroriste, ce qui a aussi compliqué sa position au sein de l’OTAN. .
Le président turc l’a répété, lundi 13 mai, “Je vois le Hamas comme un groupe de personnes essayant de protéger leur propre terre.” Il a également révélé que la Turquie traitait jusqu’à présent “plus d’un millier de membres du Hamas” dans ses hôpitaux. La statistique n’est pas confirmée, mais là aussi, il donne des assurances à son électorat et se positionne entre Israël et les organisations palestiniennes.