malgré l’évolution de ses missions, le métier de garde champêtre peine à recruter

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le nombre de gardes ruraux a été réduit de moitié en dix ans.

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C’est un métier peu connu, mais recherché par les collectivités. Cependant, le métier a beaucoup évolué : les gardes champêtres sont présents dans les villages comme dans les villes. Au cœur de la région parisienne, à Rueil-Malmaison, près de 80 000 habitants, Joffrey effectue des patrouilles depuis cinq ans.

En uniforme bleu marine, casquette et pistolet contre la cuisse, il peut être confondu avec n’importe quel policier : « On a encore cette image d’Epinal du garde champêtre avec son tambour, ses grosses moustaches et la fameuse plaque ‘la loi’ ». Sauf que toute cette panoplie était sous Napoléon. Aujourd’hui seules des bandes vertes et l’inscription “Garde Champêtre” au dos témoignent de sa particularité. Joffrey agit notamment pour préserver l’environnement : « Surtout dans les zones urbaines, nous avons des gens qui sont inciviques, qui déversent illégalement partout. »

« Les gens sont surpris de me voir en ville »

« Là, on a des gens qui font un feu dans un espace naturel ! Ce qui me fait toujours un peu sourire, c’est que les gens sont surpris de me voir en ville.dit Jeoffrey. La garde rurale dispose de pouvoirs de police municipale. Etant armé en plus, je suis en mesure de venir prêter main forte à mes collègues en cas de besoin.” Il conserve même plus de pouvoirs sur le volet judiciaire : Joffrey peut lui-même mener une enquête. Mais l’essentiel du travail reste la prévention.

Les gardes champêtres ont donc de nombreuses missions mais elles ne sont pas suffisantes. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, leur nombre a été divisé par deux en dix ans. Pour Joffrey, c’est d’abord à cause d’un manque de reconnaissance : “On a des compétences supplémentaires sauf qu’on n’a pas droit au statut de chef de service.”

Selon leur fédération nationale, les gardes champêtres gagnent entre 1 700 et 2 300 euros par mois : “C’est compliqué d’expliquer à un jeune qu’il va devenir garde de terrain, au bout de six ans il va devenir garde de terrain en chef… et ça y est, c’est fini ! Il y en a qui vont changer sur la police municipale mais à en perdant en même temps des prérogatives, ce qui est absurde !

Un salaire peu attractif auquel s’ajoute le manque de concurrence pour devenir garde champêtre : un tous les deux ans, le dernier était en Alsace. «Il y avait beaucoup de monde inscrit pour une vingtaine de places», » raconte Camille, candidate de 21 ans. Elle souhaite passer d’agent de surveillance de la voie publique (ASVP) dans les Côtes-d’Armor à garde rurale.

“Cela peut paraître démotivant”

« On n’en parle pas assez, c’est peut-être aussi pour ça que ça ne revient pas forcément aux gens qui sont haut placés et qui ne font pas le nécessaire en termes de places. Cela peut paraître démotivant car « il y a une volonté de remettre au goût du jour ce métier, de le faire connaître, et au final c’est dommage ». La fédération des centres de gestion de la fonction publique territoriale, qui organise les concours, explique que les besoins en recrutement sont “très faible”en plus d’un taux d’absentéisme élevé lors des tests.

Certaines collectivités ont cependant besoin de gardes de terrain, notamment les grandes villes comme Montpellier, Boulogne-sur-Mer ou Cergy. Dans la communauté de communes Marne-et-Gondoire, à l’est de Paris, on trouve de grands parcs, des forêts, des étangs… Pierre Tebaldini est directeur de cabinet à l’Agglomération. Depuis cinq ans, il recherche quatre gardes de terrain.

“Comme on ne le retrouve pas, on retire l’annonce et on la remet plus tard en disant que ça pourrait attirer du monde. Le problème c’est qu’en région parisienne, ce n’est pas immédiat d’imaginer un garde rural.”

Pierre Tebaldini, directeur de cabinet d’une agglomération de région parisienne

sur franceinfo

Pourtant, dans la cité de Saint-Thibault-des-Vignes, un garde champêtre serait bien utile. “Vous êtes ici sur un drain d’eau de pluie. C’est à dire que quand il pleut, l’eau coule par ici. Avant on appelait ça l’égout, mais ce n’est pas bien. Pas dans les égouts en réalité Quand quelqu’un fume et jette ses mégots dedans l’égout pluvial, la cigarette va directement dans la rivière et ça tue les poissons pour les informer.” Les panneaux, caméras et agents actuels ne suffisent pas. La commune compte également une vingtaine de décharges sauvages régulières. L’homme de la situation est le garde champêtre.

Elise

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