jeIl lui a fallu 80 ans pour sortir du silence dans lequel elle était plongée. Marcelle Chauviré, née Serrier, avait neuf mois lors du massacre d’Oradour-sur-Glane qui a causé la mort de 643 personnes le 10 juin 1944. Lorsque nous l’avons rencontrée ce jour de juillet 2024, son petit-fils, Ugo, nous a confié que sa grand-mère avait peur d’en parler à un inconnu. C’était la première fois qu’elle en parlait à quelqu’un d’autre qu’un membre de son entourage.
Quelques jours plus tôt, le 16 juin 2024, Marcelle et toute sa famille se sont rendues à Oradour-sur-Glane devant la maison où elle est née. Il ne reste plus grand-chose de cette bâtisse en pierre. Quelques murs ont résisté, mais il n’y a plus de toit, de fenêtres… Les traces du massacre sont là.
La maison de la famille Serrier a été ravagée par les flammes. © Archives Marcelle Chauviré
Revenir ici a été un défi pour cette grand-mère. « Je l’ai fait pour mes petits-enfants, ils m’ont fait comprendre que cette histoire était la mienne, mais aussi la leur, explique Marcelle. Mais c’est fini, je n’y retournerai plus, c’est trop dur. » Son petit-fils a filmé ce moment et a posté la vidéo sur Internet. « C’était la première fois que mon histoire était partagée. » Le pointelle a accepté de revenir sur cette journée « merveilleuse et émouvante » et de nous raconter, face caméra, son 10 juin 1944. « Pour que l’histoire de notre famille ne soit pas oubliée, il nous fallait des preuves (…) Lire la suite