Marine Le Pen se veut « moins dogmatique » que le FN et propose un futur référendum

La leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, à Perpignan, le 1er mai 2024.

Un nouveau compromis avec les indépendantistes, avec la promesse d’un futur référendum : alors que la Nouvelle-Calédonie est tiraillée entre loyalistes et indépendantistes, Marine Le Pen entraîne son parti, aux positions historiquement très tranchées, dans un virage à l’aile. Discret depuis cette éruption de violences, le leader du Rassemblement national (RN), rejoint par Le mondefait maintenant le vœu d’un « accord global, institutionnel et économique, avec une nouvelle consultation (sur l’indépendance) dans 40 ans ».

Une révolution pour le mouvement d’extrême droite créé par Jean-Marie Le Pen, qui a toujours affiché son hostilité résolue envers les indépendantistes. « Le Front National (FN) était beaucoup plus rigide, le parti défendant une vision radicale, reprenant la cause des loyalistesdistingue celui qui a été trois fois candidat à la présidentielle. Je suis plus respectueux, moins dogmatique, avec le souci de ne blesser personne. » En cas d’accession à l’Elysée en 2027, elle promet un « compromis gagnant-gagnant, prenant en compte les aspirations, les traditions des Kanak et leur attachement à leur terre ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Nouvelle-Calédonie : sur les barricades de Nouméa, deux peurs s’affrontent

En 2021, lors du dernier référendum prévu par les Accords de Nouméa de 1998, Marine Le Pen considérait que les Calédoniens s’exprimaient « en permanence ». L’hypothèse d’un nouveau référendum n’a jamais été évoquée par un leader de son parti. « Sans possibilité de concertation, on prive les indépendantistes de l’élément qui structure leur raison d’être, leur engagement politique, elle croit aujourd’hui. Sans perspective, on pourrait être tenté de provoquer le référendum par la violence. »

Cette posture s’inscrit dans la stratégie de compromis et de modération promue par le conseiller spécial de Marine Le Pen, son beau-frère Philippe Olivier, afin de rassurer une majorité d’électeurs sans renoncer aux principes xénophobes qui ancrent le mouvement dans l’extrême droite.

« Domaine réservé du président »

Déclaration de Marine Le Pen à Monde S’ensuit trois jours de grande discrétion de la part de son parti sur les bancs de l’Assemblée nationale. Ni Marine Le Pen ni le président du RN, Jordan Bardella, n’ont communiqué sur le sujet jusqu’à mercredi matin, hormis un bref appel au calme du leader de l’extrême droite sur BFM-TV, le 14 mai : « Rien ne doit être fait qui puisse entraver la capacité de dialogue de demain, dont les habitants de Nouvelle-Calédonie, qu’ils soient kanak ou loyalistes, sont parfaitement capables. » Elle n’avait pas prononcé un mot lors des deux jours de débat précédant le vote du texte mercredi soir. « Elle ne peut pas être présente sur tous les sujets mais elle le suit particulièrement »assure son conseiller Philippe Olivier.

Il vous reste 65,04% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.