Mati Diop et les fantômes du passé

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : “Dahomey” de Mati Diop et “Le procès du chien” de et avec Laetitia Dosch.

Dahomey est un documentaire mêlé de fiction, il s’agit de la restitution par la France d’œuvres volées au Bénin, ex-Dahomey, pendant la période coloniale.

Et de cette date importante, novembre 2021, la cinéaste franco-sénégalaise tire un film plutôt court (1h08) mais chargé de symboles et plein de belles images. Mati Diop a filmé le départ et l’emballage minutieux des 26 trésors du Musée du Quai Branly restitués au Bénin et leur arrivée dans un autre musée “chez nous”, si l’on peut dire, à Cotonou.

Tenter de réparer une erreur historique, se repentir d’un pillage, permettre aussi à cette jeunesse africaine de se réapproprier sa culture et son histoire et d’en débattre, autant de questions passionnantes qui irriguent ce projet. Et si au début on peut être déconcerté par un écran noir d’où ne surgit qu’une voix – celle de la statue du roi Ghézo qui nous parle directement en langue ancienne fon –, on est frappé, dès l’ouverture du film, par l’intensité de l’accueil réservé par les Béninois à ces 26 œuvres. On ressent à la fois leur émotion et celle du réalisateur.

Mati Diop plaide également auprès de Dahomey pour que le ministère de la Culture adopte enfin la loi-cadre sur la restitution des œuvres d’art spoliées dans les anciennes colonies.

Laetitia Dosch – révélée au cinéma dans Jeune femme par Léonor Serraille en 2016, puis en Une passion simple de Danielle Arbid – vient du théâtre. Inclassable, passant du burlesque à la tragédie en un clin d’œil, elle met ici en scène pour la première fois.

Après avoir partagé la scène avec un cheval, Laetitia Dosch nous raconte son intérêt pour les animaux et la nature grâce à Cosmos, un chien convoqué au tribunal où il risque sa peau. Cosmos est accusé d’avoir mordu des femmes sans raison. Et c’est Laetitia Dosch, en avocate des causes perdues, qui prend sa défense.

Dans ce procès improbable, l’absurde laisse place à de vraies questions sur notre rapport au règne animal, on s’amuse, mais pas que… Avec François Damiens et Jean-Pascal Zadi, Laetitia Dosch trouve des compagnons de jeu qui partagent son sens de l’absurde, elle réussit son premier film derrière la caméra et continue de nous étonner en tant qu’actrice au large spectre. Le chien Kod, lui, fait de bons débuts au cinéma.