Le futur PDG d’Hydro-Québec, qui est sous-ministre des Finances à Ottawa, est l’artisan des généreux crédits d’impôt fédéraux pour « l’électricité verte » dévoilés dans le dernier budget fédéral, et offerts aux entreprises d’État comme Hydro.
• Lisez aussi : Michael Sabia quitte les comptes publics à Ottawa dans une situation difficile
• Lisez aussi : Le ministre de l’Energie Pierre Fitzgibbon n’a aucune idée des besoins en électricité d’ici 2050
• Lisez aussi : Hydro-Québec : les pannes s’accélèrent, les Québécois doivent s’y préparer
Ancien président-directeur général de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia a été nommé au poste de sous-ministre au ministère des Finances à Ottawa en décembre 2020.
Des sources au sein du gouvernement fédéral ont confirmé Enregistrer que M. Sabia était bel et bien au cœur des nouvelles mesures du dernier budget fédéral, dans lequel on apprenait qu’Hydro-Québec – comme les autres entreprises publiques Hydro One ou BC Hydro – aurait droit à des crédits d’impôt d’Ottawa, ce qui dépenser plus de 20 milliards de dollars pour aider les entreprises à investir « vert » et à produire de l’électricité propre au pays.
Les mêmes sources précisent toutefois que ces mesures ont été mises en place avant que M. Sabia ait eu des discussions avec Hydro-Québec ou le gouvernement CAQ.
Le budget de mars dernier proposait un crédit d’impôt remboursable de 15 % pour les investissements dans des systèmes de production d’électricité sans émissions (comme l’éolien ou le solaire), la production réduite d’électricité au gaz naturel (dans laquelle les émissions sont partiellement captées), les systèmes de stockage d’électricité et les équipements de transmission d’électricité entre provinces et territoires.
Un autre crédit d’impôt remboursable, celui-ci de 30 %, s’appliquera aux investissements dans « les machines et équipements servant à fabriquer ou à transformer les principales technologies propres ainsi qu’à extraire, transformer ou recycler certains minéraux critiques ».
Le budget annonce également que la Banque de l’infrastructure du Canada investira au moins 10 milliards de dollars dans l’énergie propre et 10 milliards de dollars supplémentaires dans l’infrastructure verte. Cependant, avant de travailler au ministère des Finances, Michael Sabia a pris la direction de la Banque de l’infrastructure du Canada en avril 2020.
- Écoutez la rencontre Latraverse-Dumont diffusée en direct tous les jours à 17 h via QUB-radio :
Donnez une chance au coureur
Parmi les clients d’Hydro-Québec contactés par Le journalon semble voir l’arrivée de Michael Sabia comme positive, mais ses premiers gestes à la tête de la plus importante vache à lait du Québec seront espionnés par plus d’un.
« C’est un bon manager, c’est certain. Mais Hydro-Québec est dans une position délicate où elle doit maintenant arbitrer entre les usages de l’électricité parce qu’elle n’en a pas assez pour tout le monde », a déclaré Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie.
« La bonne nouvelle, c’est que la première source d’approvisionnement au Québec est l’efficacité énergétique. C’est ce qui devrait devenir à court terme l’approvisionnement numéro un d’Hydro-Québec. Mais Michael Sabia est-il l’homme pour vendre un tel projet ? Je ne suis pas encore convaincu », a-t-il déclaré.
Un palmarès impressionnant
« Michael Sabia a une feuille de route impressionnante », note Jocelyn Allard, président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité. « Il a dirigé certaines des plus grandes organisations au Canada et c’est quelqu’un qui sait bien s’entourer. L’idée qu’il ne vient pas d’un milieu énergétique ne devrait pas trop nous inquiéter », a-t-il déclaré.
Le nouveau PDG a aussi les qualités requises pour s’attaquer à un dossier important chez Hydro, note Jocelyn Allard, par exemple la réorganisation interne ou l’idée de mettre fin aux divisions traditionnelles au sein d’Hydro-Québec (production, transport et distribution), des choses que Sophie Brochu a commencé mais n’a pas pu terminer pendant son mandat.
« M. Sabia était au CN lors de sa privatisation, donc c’était définitivement un gros problème. C’était une grosse organisation, comme Hydro, et pleine de fonctionnaires. Et il a réussi à transformer l’entreprise avec beaucoup de succès. Il a fait preuve de leadership et vision, et à Hydro-Québec, il faut quelqu’un qui sait où il va », a-t-il dit.
journaldemontreal-boras