Avec la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, jeudi 5 septembre, le parti Les Républicains (LR) revisite à sa manière la phrase de Jésus dans l’Evangile selon Saint Matthieu : « Ainsi, les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »
Cinquième force politique à l’issue des dernières législatives, la droite est arrivée en tête à Matignon, malgré seulement 47 députés. La gauche crie au vol démocratique, les LR apprécient ce retour inattendu rue de Varennes. « C’est une bonne nouvelle pour la France et pour la droite, assure le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques. Pour nous, c’est l’occasion de montrer que nous pouvons à nouveau occuper un espace politique, douze ans après avoir quitté Matignon.”
En 2012, l’élu de 31 ans avait à peine l’âge de voter et n’avait pas encore rencontré son futur mentor politique : Michel Barnier. Antoine Vermorel-Marques avait été l’un des premiers à le féliciter en personne. A droite, on n’a pas manqué de décrocher le téléphone jeudi pour faire l’éloge du nouveau Premier ministre ou publier un message enthousiaste à propos de X. « C’est un homme de grande qualité qui a tous les atouts pour réussir cette mission difficile qui lui est confiée »écrit le chef de file des députés de la Droite républicaine (DR), Laurent Wauquiez.
Sans cour ni ennemi
Le même commentaire adressé à Xavier Bertrand – favori pour Matignon la veille – aurait paru plus forcé, tant les deux hommes cultivent une aversion mutuelle. Rien de tout cela avec un Barnier de 73 ans, un homme sage sans partisans ni ennemis autour de lui à droite – et ce quels que soient les changements de nom et d’acronyme du parti (UDR, RPR, UMP et LR). Laurent Wauquiez s’inscrit d’autant plus facilement dans l’idée de voir Michel Barnier occuper Matignon, qu’il avait finalement accepté une éventuelle nomination de Xavier Bertrand mardi, lors d’un entretien téléphonique avec le président de la République, Emmanuel Macron.
Egalement réticent au départ à l’option Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, avait lui aussi fini par valider cette option. Il s’est même entretenu mardi soir avec le président des Hauts-de-France pour examiner le « pacte législatif » imaginé par la droite parlementaire au lendemain des législatives. Cette série de propositions était censée habiller d’une attitude constructive le « non » opposé par avance à toute alliance de la droite avec le camp présidentiel.
A l’époque, Olivier Marleix avait surpris tout le monde lorsque cet antimacroniste avoué avait demandé au « président Macron de nommer un Premier ministre issu des Républicains ». Parmi les rares autres élus LR à plaider en ce sens, on trouve la sénatrice de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée : « Seuls les LR peuvent désormais prétendre à Matignon et constituer le pivot d’une majorité plus large »a assuré l’ancien directeur de campagne de… Michel Barnier, lors des primaires de 2021.
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