Fen suspens. Cinquante et un jours après la démission du gouvernement Attal, Emmanuel Macron a annoncé la nomination du nouveau Premier ministre ce jeudi 5 septembre. C’est finalement Michel Barnier qui devient le nouveau locataire de Matignon, a annoncé l’Élysée dans un communiqué.
Après avoir écarté la candidature de Lucie Castets, choisie par la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), le président de la République a ainsi fait le choix d’un homme de droite, qui a milité pratiquement toute sa vie dans les partis gaullistes. Michel Barnier a en effet rejoint l’UDR avant même d’être majeur, avant d’être membre du RPR, de l’UMP puis des LR, dont il est toujours membre.
Député, sénateur, ministre, commissaire européen…
Conseiller général dès l’âge de 22 ans en Savoie, ce conciliateur aguerri a occupé la plupart des hautes fonctions en France : il a été élu plusieurs fois député dans son fief savoyard, le 2et circonscription. En 1993, il entre pour la première fois au gouvernement, devenant ministre de l’Environnement pour les deux dernières années de la présidence de François Mitterrand. Sous Jacques Chirac et Alain Juppé, il occupe le portefeuille délégué aux Affaires européennes, jusqu’à la dissolution de 1997. L’occasion pour Michel Barnier de découvrir l’autre côté du Parlement, en devenant sénateur.
À LIRE AUSSI Macron : le jeu qui rend fouEn 1999, débute la première aventure européenne de Michel Barnier, nommé commissaire européen à la Politique régionale pendant près de 15 ans, avant de revenir au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères sous la tutelle de Jean-Pierre Raffarin, alors ministre de l’Agriculture et de la Pêche pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Elu député européen après ses dernières aventures ministérielles, il revient pour un nouveau mandat de 4 ans, de 2010 à 2014, en tant que commissaire européen, cette fois en charge du Marché intérieur et des Services. Cet expert des arcanes de Bruxelles est alors mis en charge des délicates négociations avec le Royaume-Uni, suite à leur décision de quitter l’Union européenne, le fameux Brexit. Un poste qu’il occupe jusqu’à fin mars 2021.
Seul bémol à cet impressionnant CV : son échec, en décembre 2021, à se qualifier pour le second tour du congrès des Républicains, en vue de représenter la droite à l’élection présidentielle de 2022, laissant Éric Ciotti et Valérie Pécresse s’affronter en finale.
Des consultations sans fin
Avec cette nomination, Emmanuel Macron met fin à deux semaines de longues consultations, ayant reçu à l’Élysée la quasi-totalité des forces politiques, du Nouveau Front populaire au Rassemblement national. Une séquence où le chef de l’État a même fait appel à ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais aussi à des proches comme François Bayrou, ou encore à une figure syndicale comme l’ancien leader de la CFDT, Laurent Berger.
S’il a bien accueilli d’emblée Lucie Castets, la haute fonctionnaire nommée par le NFP, avant de la révoquer dans la foulée, d’autres noms ont régulièrement été sortis du chapeau. Après la piste de Thierry Beaudet, inconnu du grand public, rapidement évoquée lundi 2 septembre, la balance a ensuite oscillé entre deux personnalités de droite et de gauche : Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Le nom de David Lisnard, maire de Cannes (Les Républicains) et président de l’Association des maires de France, avait également circulé en fin d’après-midi ce mercredi.
À LIRE AUSSI Pour le député Tanguy, Macron joue à « Jurassic Park » en considérant le « fossile » BarnierAvec la fin de cette séquence, des questions demeurent, et pas des moindres : Michel Barnier sera-t-il capable de former un gouvernement, et avec qui ? Surtout, pourra-t-il échapper à une censure immédiate, les différents partis n’ayant cessé de brandir cette menace durant cet été si particulier. Fort de sa riche expérience des négociations, le nouveau Premier ministre saura très vite mettre ses compétences en pratique.