Michelin veut un « salaire décent » pour tous ses salariés

On le connaît pour ses pneumatiques, mais ces derniers jours, le groupe Michelin fait la Une des journaux pour une toute autre raison. L’entreprise française, présente dans 175 pays à travers le monde, généralise ce qu’elle appelle le « salaire décent ».

Depuis plusieurs jours, Florent Menegaux, le patron de Michelin, est présent sur les plateaux de télévision. C’est lui qui, la semaine dernière, a annoncé vouloir généraliser le « salaire décent » à l’ensemble des 132 000 collaborateurs du groupe français, présent dans 175 pays à travers le monde.

Ce « salaire décent » ne doit pas être confondu avec le salaire minimum légal. Il s’agit en réalité d’un salaire qui « permet de vivre correctement », selon les mots du patron de Michelin. Pour le calculer, la marque se base sur les critères d’une ONG, Réseau pour un salaire équitable. L’idée est la suivante : un salaire décent est un montant qui peut subvenir aux besoins d’une famille de quatre personnes, deux parents et deux enfants. Il doit aussi permettre d’acheter des biens de consommation courante et constituer une épargne de précaution.

9 000 euros en Chine, 40 000 aux Etats-Unis

Concrètement, son montant varie selon les pays et même selon les villes. À Paris par exemple, c’est environ 40 000 euros par an, tandis qu’à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France, c’est 25 000 euros. Dans les deux cas, ce salaire est bien supérieur au SMIC, le salaire minimum légal. Ce « salaire décent » est de 9 000 euros en Chine, 40 000 aux États-Unis, et est calculé de la même manière même dans les pays qui n’ont pas de salaire minimum légal.

Sur les 132 000 salariés du groupe Michelin dans le monde, environ 5 % devraient donc être augmentés suite à ces annonces. Reste désormais la question : combien cela coûtera-t-il à l’entreprise ? Florianne Viala, directrice des rémunérations et avantages du groupe, assure que Michelin n’a « pas je n’ai pas regardé combien cela allait coûter « . «  Moralement, on se disait que c’était une obligation et que tirer profit de la misère sociale n’était pas possible. », poursuit-elle. De leur côté, les dirigeants sont certains d’y parvenir. En augmentant les salaires, ils espèrent également une augmentation de la productivité.

 » C’est l’arbre qui cache la forêt »

L’annonce de la mise en place d’un « salaire décent » a été plutôt bien accueillie par les syndicats, qui, après les paroles, attendent désormais des actes. Les organisations syndicales alertent cependant sur un point : ce « salaire décent » comprend des primes, qui ne sont pas prises en compte dans le calcul des retraites. «  Il vaudrait mieux parler de rémunération », estime Romain Baciak, délégué syndical CGT. Il s’inquiète également de ce qui pourrait se cacher derrière ces annonces.  » C’est l’arbre qui cache la forêt, il va annoncer quelque chose très vite. On sait qu’il existe des sites Michelin France menacés de restructurations, voire de fermetures. « , il s’inquiète.

De son côté, la direction assure que ce nouveau « salaire décent » n’a rien à voir avec « adapter l’entreprise aux évolutions industrielles et aux évolutions du marché « , ceux-ci sont «  deux choses différentes et non contradictoires « . Après tout, le cabinet Bibendum reste une entreprise qui pense aussi à ses actionnaires.

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