Une quinzaine de tableaux emblématiques du peintre ainsi que quelques sculptures et statues africaines sont rassemblés au Musée de l’Orangerie jusqu’en janvier 2023.
Personnage en costume, avec des chapeaux et un visage anguleux, Paul Guillaume fut le premier marchand et mécène d’Amedeo Modigliani (1884-1920) et les liens qu’ils entretenaient sont au cœur d’une exposition qui s’ouvre mercredi à Paris. Une quinzaine de tableaux emblématiques du peintre, des portraits et un nu, ainsi que quelques sculptures et statues africaines qui ont fasciné les artistes du Paris cosmopolite au tournant du XXe siècle, sont rassemblés jusqu’en janvier au musée de l’Orangerie.
« Paul Guillaume devient probablement le marchand de Modigliani fin 1915, le soutient et l’installe dans un atelier, exposant et vendant ses tableaux tout au long de sa vie. Il joue un rôle majeur dans la diffusion de l’œuvre du peintre aux Etats-Unis » .
Simonetta Fraquelli, commissaire de l’expositionÀ l’AFP
« Rompre »
La rencontre entre les deux hommes, en 1914, par l’intermédiaire du poète Max Jacob, marque aussi une « rompre » pour l’artiste qui « puis arrête de sculpter et commence à peindre », la figure humaine exclusivement, avec « un style figuratif abstrait reconnaissable entre tous », selon les commissaires de l’exposition Simonetta Fraquelli et Cécile Girardeau Une série de témoignages photographiques et littéraires, issus de recherches récentes dans des fonds d’archives, éclairent également la genèse des œuvres et le contexte de cette relation. L’exposition met en lumière de grands chefs-d’œuvre de Modigliani passés entre les mains de Paul Guillaume, sept ans plus jeune que lui, d’origine modeste, soutien de famille à 13 ans après avoir perdu son père, et réformé de l’armée, comme Modigliani, pour des raisons de santé.
Paul Guillaume sera également « l’un des premiers à mettre sur un pied d’égalité l’art moderne et l’art africain », selon Claire Bernardi, directrice de l’Orangerie. C’est en travaillant « dans un garage de l’avenue de la Grande Armée à Paris pour gagner sa vie » qu’il a découvert des statues et des masques africains, « transporté en France dans des caisses contenant du caoutchouc importé directement des colonies françaises pour fabriquer des pneumatiques », raconte Sylphide de Daranyi, qui publie une biographie illustrée de Paul Guillaume aux éditions Flammarion. Sa vie prend « un tournant décisif » en 1911, lorsque Guillaume Apollinaire, poète, écrivain et critique d’art, découvre quelques-unes d’entre elles que le jeune homme avait exposées dans la vitrine du garage. « Cette rencontre providentielle guidera toute la vie de Paul Guillaume », Elle ajoute.
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