Moumbagna, Henrique, Lopez… Les trois héros inattendus de la qualification de l’OM

Alors que Pierre-Emerick Aubameyang était, pour une fois, resté silencieux, ce sont trois joueurs mal-aimés qui ont propulsé l’OM en demi-finale de Ligue Europa, jeudi contre Benfica.

A la veille du quart de finale retour de Ligue Europa contre Benfica, Jean-Louis Gasset prévenait : Pierre-Emerick Aubameyang ne peut pas tout faire à l’OM. “Pierre marque souvent, mais les autres ont pour rôle de nous aider le plus tôt possible. Que ce soit Moumbagna, Ndiaye… Il faut que les gens prennent le relais et on n’a pas toujours le même joueur pour sortir de l’ornière”. Des paroles qui ont été entendues par les joueurs, avec des héros inattendus lors de ce quart de finale retour victorieux, qui ont fait oublier les absences de poids (Clauss, Merlin, Rongier…).

Il le fallait car, pour une fois, Pierre-Emerick Aubameyang (10 buts en 10 matches de C3) a quitté son costume de héros en signant une passe décisive pour Faris Moumbagna. Auteur du tir au but vainqueur, le Brésilien Luis Henrique restera également dans le cœur marseillais, tout comme Pau Lopez, infranchissable dans le jeu, puis acteur majeur des tirs au but.

Faris Moumbagna : un objectif pour se remettre sur les rails

Lorsque Faris Moumbagna a enlevé son dossard pour entrer sur la pelouse, à l’heure de jeu, c’est peu dire que le Vélodrome n’était pas vraiment emballé. “En seconde période, il a fallu prendre des risques pour marquer.”, a justifié Jean-Louis Gasset après la rencontre, sans que cela soit nécessaire car, entre-temps, les événements avaient donné raison à l’entraîneur marseillais. A la pointe de l’attaque, Faris Moumbagna a fait vibrer ce quart de finale retour.

Arrivé cet hiver à l’OM en provenance de Bodo Glimt (Norvège), le Camerounais est l’antithèse de Pierre-Emerick Aubameyang : un point de fixation difficile à déplacer, poison dans les duels dont la puissance fait des ravages et ouvre des brèches pour ses coéquipiers. Cet abattement physique l’excuse parfois de son manque d’efficacité, lui qui n’avait jusqu’alors inscrit que deux buts en 11 matches avec l’OM.

En ouvrant le score en fin de match, et donc en envoyant son équipe en prolongation, Faris Moumbagna a choisi le meilleur moment pour améliorer son ratio. Avec une sympathie inversement proportionnelle à celle de son prédécesseur – le Portugais Vitinha, prêté au Genoa en janvier –, le Camerounais a rappelé qu’il était plus qu’un déménageur en glissant subtilement le ballon entre les jambes d’Anatoliy Troubine. Son troisième but de la saison, dont les Phocéens se souviendront longtemps.

Luis Henrique : de paria à héros

Lui aussi est entré en jeu à l’heure de jeu, et lui non plus n’a pas vraiment reçu une standing ovation de la part du Vélodrome. Pourtant, Luis Henrique est bien le joueur qui symbolise cette double confrontation entre l’OM et Benfica.

Car, avant d’être l’auteur du tir au but décisif, le Brésilien a encore livré une prestation pleine, après avoir déjà dépanné à l’aller en tant que latéral gauche, puis latéral droit, lui l’ailier entraîné.

“Je suis content pour lui, parce que je le porte à l’arrière droit, à l’arrière gauche, c’est mon couteau suisse. C’est vrai qu’il est critiqué, mais c’est un bon garçon.”

Jean-Louis Gasset, entraîneur de l’OM

lors d’une conférence de presse

Et dire que Luis Henrique, revenu de prêt du Brésil en janvier, n’aurait même pas dû rester à l’OM. Sans Gennaro Gattuso, l’ailier, si souvent maladroit, n’aurait pas été retenu pour cette deuxième partie de saison. De là à l’imaginer héros d’un quart de finale européen…

« Mercredi, on a pris une série de penaltys en fin d’entraînement, j’ai vu ceux qui avaient froid dans l’exercicea précisé Jean-Louis Gasset. Tourner après 120 minutes est compliqué. Lorsque nous avons désigné les cinq tireurs, les joueurs en confiance se sont présentés, Luis était parmi les cinq premiers à se positionner.. Placé quatrième dans la hiérarchie, le Brésilien n’a pas failli. Et peut-être a-t-il enfin lancé son histoire avec l’OM.

L’infranchissable Pau Lopez

Souvent critiqué, notamment pour son manque d’efficacité sur la ligne, Pau Lopez fait partie de ceux qui sont vite pointés du doigt à Marseille, dès que le navire tangue. Même si l’Espagnol a souvent été l’un des rares à aller au front, comme le rappelle Jean-Louis Gasset : “C’est l’un des leaders du groupe. Il est dans le 3-4 avec qui je parle beaucoup. Il était frustré sur ses derniers matches. Il encaissait des buts sur des centres en profondeur, il ne pouvait rien faire. Aujourd’hui, il était décisif, il le mérite.”

Exemplaire dans son attitude, Pau Lopez a sûrement livré sa meilleure performance sous le maillot marseillais, deux ans et demi après son arrivée. Peu avant l’ouverture du score, il a sauvé l’OM face à Rafa Silva et Angel Di Maria (73e), avant de se relever de nouveau face à l’Argentin (98e), puis devant Marcos Leonardo (108e).

Ce qui suit ? Une séance de tirs au but parfaitement maîtrisée : sur ses quatre plongeons, l’Espagnol sautait toujours du côté droit, tout en déstabilisant soigneusement ses adversaires. Logiquement, il a fini par lâcher la quatrième tentative, signée Antonio Silva. Un arrêt célébré comme un but vainqueur par le Vélodrome.

Une prestation de haut niveau qui pourrait même faire regretter à l’OM. Les Olympiens se sont retrouvés avec une séance de tirs au but perdue contre le Panathinaikos en août. Ce jour-là, Pau Lopez a été éliminé par Marcelino juste avant la séance, remplacé par Ruben Blanco, qui a concédé les cinq tirs au but.