ne fermez pas la parenthèse

EAu final, c’est la Chine qui l’emporte. L’histoire olympique retiendra sans doute, en termes de statistiques, l’impressionnante moisson qui a placé les athlètes chinois en tête du palmarès des premiers vainqueurs des Jeux olympiques (JO), à égalité de médailles d’or avec les États-Unis, puis, de loin, en tête du palmarès des Jeux paralympiques de Paris 2024, qui se sont achevés dimanche 8 septembre.

Mais au-delà des statistiques, l’histoire retiendra surtout l’immense succès de ces Jeux, que les Parisiens abordèrent avec tant d’appréhension mais qui, du début à la fin, enchantèrent la France et suscitèrent l’admiration à l’étranger.

D’abord, l’organisation et la logistique ont été un succès. Du transport à la sécurité, les services publics ont parfaitement relevé le défi, alors qu’une opération de sabotage sur le réseau TGV le matin de la cérémonie d’ouverture aurait pu laisser craindre le pire. Les infrastructures sportives ont rempli leur mission sans encombre, avec le soutien et le formidable dévouement des 45 000 bénévoles. La Seine a également rempli sa mission, quoique avec plus de difficulté : là, l’effort doit encore être prolongé.

Succès culturel ensuite. L’audace de la cérémonie d’ouverture sous le déluge en a fait un spectacle inoubliable qui a immédiatement donné le ton de ces Jeux pas comme les autres, qui ont laissé le stade se fondre dans la ville. La transformation des lieux emblématiques de la capitale en enceintes sportives a prolongé la magie : épreuves d’escrime sous la nef du Grand Palais, tir à l’arc devant le dôme des Invalides, prouesses équestres devant le château de Versailles. Ce mariage inédit de l’esthétique et du sport a sorti Paris de son statut de ville musée et produit des images éblouissantes.

Les légendes naissent

Succès sportif pour la France aussi. En termes de résultats, les sportifs tricolores ont été au rendez-vous : avec une cinquième place aux Jeux olympiques (64 médailles) et une huitième aux Jeux paralympiques (75 médailles), les objectifs ont été atteints. D’emblée, la victoire des rugbymen a suscité un enthousiasme qui n’a jamais quitté le public français et que les sportifs ont réussi à transformer en énergie positive. Des légendes sont nées, dont le nageur Léon Marchand et ses quatre médailles d’or individuelles, ou se sont confirmées, comme le judoka Teddy Riner avec sa troisième médaille d’or individuelle, après celles de 2012 et 2016.

De très belles performances françaises, notamment en cyclisme et en triathlon, et des exploits héroïques ont marqué les Jeux Paralympiques, doublés d’une autre performance, divine surprise de ces Jeux : séduits par des disciplines qu’ils ne connaissaient pas et par le tempérament des athlètes, les Français se sont passionnés comme jamais pour les compétitions destinées aux athlètes handicapés. « La révolution paralympique » Le chantier est en marche, a assuré dimanche soir Tony Estanguet, le président du comité d’organisation de Paris 2024, à qui la réussite de ces Jeux doit beaucoup. Il n’a peut-être pas tort.

Car le véritable pari est désormais sur ce qui restera de ce que l’on appelle rapidement la “parenthèse enchantée” Des jeux, comme si toutes les bonnes choses devaient avoir une fin. « Cette rencontre nous marquera à jamais »promis à Tony Estanguet lors de la cérémonie de clôture, en saluant “cet été où la France était heureuse”.Peut-on prolonger un peu cet état de grâce ? A l’heure où le pays fait face à des défis inquiétants, ce serait une façon de ne pas fermer la parenthèse.