Les élus du Congrès calédonien ont adopté ce lundi un vœu réclamant le retrait de la réforme constitutionnelle relative à la question sensible de l’électorat, dont l’examen commence à l’Assemblée nationale.
La résolution, portée par les deux groupes indépendantistes, a été adoptée lundi par 28 voix pour, 24 contre, alors que manifestations et blocages avaient lieu dans tout l’archipel. “Seule l’arrêt immédiat du processus de révision constitutionnelle permettra de retrouver un climat de confiance et de permettre l’ouverture de discussions sereines sur l’avenir institutionnel du pays”, a déclaré Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS ( indépendance) au Congrès.
« Cette résolution a été adoptée à une majorité qui ne représente pas la majorité des Calédoniens. Cela ne vaut rien, les décisions de cette assemblée ne sont plus valables», a commenté la non-indépendantiste Sonia Backès, présidente de la province Sud.
Projet contesté
Deux groupes non indépendantistes, Les Loyalistes et Le Rassemblement, ont décidé le 21 mars de ne plus participer aux réunions de l’assemblée, car ils considèrent que la majorité océanienne, alliance des indépendantistes et du parti communautaire wallisien L’Eveil Océanien, est « illégitime ». ».
La situation est devenue particulièrement tendue dans l’archipel depuis que le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, a engagé une réforme constitutionnelle visant à modifier le corps électoral lors des élections provinciales, cruciales pour le territoire, en l’absence de consensus local. Le projet de loi, adopté au Sénat le 2 avril, doit être examiné ce lundi en séance publique à l’Assemblée nationale.
Le texte prévoit d’ouvrir ces élections aux personnes ayant au moins dix ans de résidence. Jusqu’à présent, le droit de vote à ces élections était réservé aux autochtones, ainsi qu’aux résidents arrivés avant 1998 et à leurs descendants.
Des tensions renouvelées
L’arrivée du texte à l’Assemblée nationale a provoqué une mobilisation indépendantiste sans précédent depuis la période de violences des années 1980. Lundi, des barrages filtrants, des blocages d’axes et de sites miniers, ainsi que des manifestations ont eu lieu dans l’archipel.
Des coups de feu ont été entendus dans le fief indépendantiste de Saint-Louis, dans la banlieue de Nouméa, où la circulation a dû être coupée. Le quartier populaire de Montravel à Nouméa a également été fermé à la circulation en raison de la présence de nombreux manifestants et de feux sur la route. Au moins quinze personnes ont été arrêtées.