Historien, auteur, performer, commissaire d’exposition et directeur artistique, Olivier Saillard transcende les frontières entre les disciplines pour créer son propre langage du vêtement et de la mode. Quand on le retrouve, début septembre, à la terrasse du café de la Fondation Alaïa, dans le Marais, il revient tout juste de Taipei (Taiwan), où il a présenté cet été, aux côtés de l’actrice Tilda Swinton, leur dernière performance, titré Incarnant Pasolini, joué à Paris, en 2022, lors du Festival d’Automne. Olivier Saillard a l’habitude de mettre en scène des spectacles uniques où actrices et mannequins s’habillent en silence ou les portent dans les bras, pour les plus fragiles d’entre eux.
Des performances à la croisée du défilé de mode, de l’exposition et du théâtre, créées à contre-courant des rythmes de la mode et de son système commercial. Incarner Pasolini marque la quatrième collaboration entre Olivier Saillard et Tilda Swinton, icône internationale du cinéma d’auteur.
De manière unique, ce spectacle présentait une sélection de costumes conçus par Danilo Donati et réalisés par l’Atelier Farani pour les films du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975). Majestueuse, Tilda Swinton enfile tour à tour des toges antiques et des chasubles ecclésiastiques, et arbore d’impressionnantes coiffes, à l’image du célèbre ornement de tête porté par l’actrice Silvana Mangano dans Œdipe le roi (1967).
Habitué des lieux intimistes, le duo s’est produit devant un public de six cents personnes au Taipei Performing Arts Center (TPAC), dans le cadre du Taipei Arts Festival. Les billets pour les six soirées de représentations ont été vendus en seulement cinq minutes. « Tilda est très connue en Asie. C’était la première fois qu’on jouait devant un public aussi nombreux, l’ambiance était plus électrique que d’habitude. Et puis, les applaudissements ont été si chaleureux ! Nous avons eu droit à une standing ovation. » » s’enthousiasme Olivier Saillard, aujourd’hui directeur de la Fondation Alaïa, après de nombreuses années passées à la tête du Palais Galliera, le Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Olivier Saillard a profondément repensé la manière de présenter la mode en inventant des expositions vivantes et poétiques, loin des codes muséaux de l’époque. Dès le début, il préfère exposer les vêtements à plat, parfois même au sol, plutôt que sur des mannequins Stockman, sans verre de protection, ce qui crée une forme d’intimité avec le spectateur. Travailleur infatigable, Olivier Saillard a créé une trentaine de performances, environ deux cent cinquante expositions et des dizaines d’ouvrages sur la mode et son histoire en plus de vingt ans.
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