(Gatineau) Le Sénégal accuse la police canadienne d’avoir « passé à tabac sauvagement » l’un de ses diplomates en début de semaine. Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) indique plutôt avoir fait face à « une personne agressive », qui aurait blessé deux policiers.
Publié à 10h28
Dans un communiqué daté de jeudi et rendu public vendredi, le ministère des Affaires étrangères du Sénégal fait état « d’une perquisition d’une rare violence de la police canadienne le 2 août au domicile d’un diplomate sénégalais en service à l’ambassade du Sénégal à Ottawa ».
Le document précise qu’elle a été « menottée et sauvagement battue, au point qu’elle avait des difficultés à respirer, ce qui a conduit à son évacuation en ambulance vers l’hôpital ».
Le SPVG explique, dans un communiqué publié vendredi soir, que la police est venue apporter « l’assistance à un huissier avec ordre d’exécution » mardi vers 13h30.
La personne étant « agressive et refusant de coopérer », la police est intervenue pour expliquer la démarche. C’est à ce moment qu’une « policière a été touchée au visage et blessée », est-il précisé.
« La police a alors décidé d’arrêter la personne afin de faire cesser l’infraction, pour la sécurité des personnes présentes. La personne a résisté à son arrestation et a mordu un deuxième agent. La personne a ensuite été amenée au sol pour être contrôlée », explique le SPVG.
L’huissier a alors pu rendre son ordonnance alors que la personne était « retenue à l’arrière du véhicule de patrouille, sous la surveillance d’une policière ».
« À aucun moment, la personne n’a mentionné avoir été blessée ou avoir des douleurs lorsqu’elle a été interrogée », ajoute le SPVG.
Les ambulanciers sont intervenus auprès de cette même personne vers 15 heures et ont appelé le SPVG à l’aide, détaille le service de police.
Le Sénégal accuse la police de « violences physiques et morales humiliantes » [sur la diplomate]devant témoins et en présence de ses enfants mineurs ».
Le pays indique avoir convoqué jeudi le chargé d’affaires de l’ambassade du Canada à Dakar au ministère sénégalais des Affaires étrangères. « Une note de protestation a été signifiée aux autorités canadiennes », a-t-il ajouté.
Le gouvernement sénégalais demande une enquête et des poursuites contre les auteurs de cette attaque. Il affirme qu’il s’agit d’une « violation flagrante de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques ».
Le SPVG souligne pour sa part avoir fait appel aux autorités provinciales et fédérales. Un dossier a été « au directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) afin que des accusations de voies de fait sur un agent et d’entrave au travail des policiers soient déposées ».
« Compte tenu du contexte et de l’allégation selon laquelle une personne aurait été blessée lors de l’intervention policière, la direction du SPVG a discuté de la situation avec le ministère de la Sécurité publique », ajoute le service de police.
« Puisque des poursuites judiciaires pourraient s’ensuivre », le SPVG indique qu’il ne fera aucun autre commentaire et qu’il collaborera à toute démarche ou enquête ultérieure.
Affaires mondiales Canada n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de La Presse canadienne.
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