Peugeot et Alpine en souffrance à Imola, faut-il s’inquiéter pour les 24 Heures du Mans ?

Envoyé spécial à Imola

On s’attendait à un sacre Ferrari à domicile sur l’Autodromo Enzo e Dino Ferrari mais les nombreux supporters (73 600 spectateurs) venus soutenir l’équipe du Cheval Cabré dimanche ont fini par déchanter. Leurs troupes ont dû baisser drapeau alors qu’elles semblaient intouchables après les qualifications de samedi et un début de course parfaitement maîtrisé sous le soleil du nord de l’Italie. Alors qu’elles étaient plus rapides sur piste sèche, les 499P reculaient au classement en raison d’une stratégie complètement ratée de ses trois voitures. Lorsque la pluie est arrivée à mi-course, les leaders transalpins se sont obstinés dans leur choix de ne pas chausser les pneus adaptés alors que la concurrence s’était engouffrée dans les stands.

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Réalisant que l’averse n’était pas que temporaire, Ferrari a fini par rappeler ses 499P pour changer les pneus. Trop tard. Toyota et Porsche (vainqueur au Qatar en ouverture du championnat) étaient aux avant-postes. La victoire revient à la Toyota n°7 aux mains de Mike Conway, Kamui Kobayashi et Nick de Vries, tandis que Porsche complète le podium avec la 963 n°6. La première Ferrari (n°50) termine au pied du podium, la n°50. La .51 échoue à la 7e place, juste devant la n°83. Une énorme désillusion pour le clan rouge qui a également reçu ce week-end la visite de John Elkann, le président de Ferrari.

Peugeot et Alpine loin du compte

Cette bataille prouve que ces trois marques sont aujourd’hui les mieux placées pour aller chercher la victoire au Mans (15-16 juin), sommet du Championnat du Monde. Un combat auquel les deux constructeurs français, Peugeot et Alpine, n’ont jamais été invités. Seule la Peugeot n°9 (Jensen-Müller-Verge) sauve sa place dans le Top 10 (9ème). Le deuxième 9X8 (n°94 avec Di Resta, Duval et Vandoorne) échoue à la 15e place. Un baptême difficile pour le Lion qui s’est lancé pour la première fois en compétition avec la nouvelle version de son Hypercar désormais équipée d’un aileron arrière et de pneus de taille différente.

« Mon début de relais sur piste mouillée a été très compliqué, j’ai cru perdre la voiture plusieurs fois dans la ligne droite ! Mon rythme était bon ensuite, j’ai bien géré mes pneus pluie sur la piste séchante. L’équipe m’a fait rentrer aux stands au bon moment pour chausser les pneus slicks », a résumé Jean-Eric Vergne qui a malgré tout permis à son équipage de marquer ses premiers points au Championnat du Monde 2024 après zéro point au Qatar. Petite consolation. L’autre voiture n’a pas eu de chance en raison d’une collision dans le premier virage qui a causé de nombreux dégâts. Il ne faut donc pas espérer de miracle.

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Faut-il s’inquiéter pour l’avenir du constructeur français en championnat ? Oui, car en termes de rythme de course, le 9X8 ne pouvait clairement pas rivaliser avec la concurrence. Le prototype français semble cependant avoir rattrapé une partie de son déficit de vitesse de pointe par rapport aux meilleurs. Un bon point. « Avec cette nouvelle voiture dotée d’un aileron, il semble quand même que nous ayons gagné en performances. Au Mans, il y a pas mal de lignes droites donc c’est quand même positif et ça me rend optimiste même si les autres vont aussi progresser.» glissait Loïc Duval au Figaro avant l’épreuve de dimanche.

« C’était une course très compliquée pour nous. Le côté positif c’est l’équilibre de la voiture et la régularité sur les relais”» a ajouté le pilote forcément frustré par la n°94 en fin de week-end. « Sur la n°93, nous avons rencontré un problème d’ouverture d’embrayage pendant la course, qu’il faudra clarifier, et qui nous a certainement coûté des places au classement final. Nous avons bien géré la stratégie pour terminer 10ème, notamment au niveau des changements de pneumatiques. Pour Spa-Francorchamps, il faudra clairement mieux se qualifier »a analysé Olivier Jansonie avec passion.

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Le directeur technique de l’équipe Peugeot n’a pas évoqué le Bop, ce système qui permet à la Fédération internationale de l’automobile d’agir sur le poids (en lestant la voiture) et l’énergie allouée à un relais de voitures jugées trop rapides après de minutieux calculs. Ce système permet un resserrement des performances, les plus rapides en piste restant en théorie les plus rapides mais les plus lents peuvent rattraper artificiellement une partie de leur retard. Il est toutefois interdit à toutes les équipes de commenter ce Bop qui est régulièrement mis à jour au cours de la saison en fonction des performances de chacun.

Cela semble clairement avoir handicapé Peugeot en Italie. La FIA, n’ayant pas de référence pour le 9X8 puisqu’il s’agissait de sa première course, avait visiblement la main lourde avec le Lion désavantagé sur le parcours transalpin (31 kilos de plus qu’à Doha et une puissance abaissée à 510 kW, soit 693 ch). ). “Peugeot a quand même été très surpris par le Bop imposé ici et cela ne les a pas aidé à réaliser une bonne performance alors que Toyota et Ferrari en étaient les grands bénéficiaires”» a déclaré un proche de Peugeot Sport dans le paddock.

Autre motif d’espoir, le constructeur français débute tout juste le développement de sa voiture même si elle n’est pas 100% nouvelle (il a conservé un châssis identique à son prédécesseur). « Nous avons déjà fait un pas en avant et avec l’ancien, à mon avis, nous aurions été incapables d’atteindre le niveau que nous avons aujourd’hui. Il fallait absolument passer par là. Des choix ont été faits et il y a des points positifs et négatifs »» a ajouté Duval samedi après les qualifications.

Il faudrait avoir une boule de cristal entre les mains pour affirmer avec certitude que Peugeot n’aura aucune chance de s’imposer aux 24 Heures du Mans dans un peu moins de deux mois. D’abord parce qu’il reste encore une manche avant le rendez-vous au Mans, le 11 mai pour les 6 Heures de Spa-Francorchamps. Ensuite parce que Le Mans reste Le Mans, une course imprévisible, aux caractéristiques bien particulières, qui convenait d’ailleurs plutôt bien aux Peugeot l’an dernier, du moins dans la première partie de l’épreuve perturbée par la pluie.

Alpine à l’entraînement

L’équipe Alpine disputait sa deuxième course dans la catégorie reine avec ses deux voitures. Du côté de Peugeot, la météo n’est pas au beau fixe pour faire le point. La n°36 (16e avec plus de six tours) a été impliquée dans un accrochage dès le début de l’épreuve tandis que la 35e termine un peu plus haut dans la hiérarchie (13e avec quatre tours).

« Un week-end difficile »a admis Mick Schumacher qui faisait équipe avec Nicolas Lapierre et Mathieu Vaxivière. « Nous savions que ce serait une course difficile, surtout après les qualifications, où nous avons manqué un peu de réussite. C’était un nouveau terrain de jeu pour nous, mais aussi une configuration de circuit différente de tout ce que nous avions connu auparavant. Le but était de poursuivre notre apprentissage”a avoué Philippe Sinault, le team principal de l’équipe, conscient que ses troupes seront jugées sur leurs performances dans la Sarthe, sommet du championnat.

« Nous avons maintenant beaucoup de données à analyser dans les trois semaines avant Spa, ce qui arrive rapidement, nous ne relâcherons donc pas nos efforts pour continuer notre apprentissage et viser à augmenter notre puissance avant les 24 Heures du Mans », a ajouté le patron de l’équipe qui devrait, en Belgique dans trois semaines, bénéficier d’un Bop favorable compte tenu de ses performances décevantes en début de saison. On se console comme on peut.