LLe marché vitivinicole français est aujourd’hui confronté à un net déséquilibre entre l’offre et la demande, au point que le secteur envisage un arrachage massif de certains vignobles. Le phénomène résulterait d’une « dé-consommation » en déclin continu depuis plus de soixante ans en raison de profonds changements de comportements, et d’une consommation quotidienne qui ne concerne guère plus de 10 % de la population.
L’ouverture de nouveaux marchés étrangers s’essouffle également et la consommation mondiale est en déclin. Cette évolution brutale agit comme une double arme dans un contexte de crise économique devenu insupportable pour de nombreux opérateurs du secteur.
La menace pèse sur une partie des 440 000 emplois générés en France, sur sa contribution à la balance commerciale et sur le modèle culturel qui lui est associé. Alors plutôt que d’espérer un grand soir de relance de la consommation nationale, aux conséquences discutables sur la santé publique, construisons un nouveau système de promotion du vin dans une approche à la fois globale, historique et prospective.
Plusieurs révolutions
Une approche holistique consiste à éviter de croire aux miracles. Le recours massif aux exportations vers la Chine a finalement offert un horizon limité, masquant un malaise plus profond. Cette crise ne résulte pas d’une cause unique et ne ressemble pas non plus à celles, violentes mais temporaires, auxquelles nous avons dû faire face dans le passé.
On constate qu’il devient de plus en plus difficile de s’adapter aux conditions climatiques, de plus en plus dérégulées et aux effets localement dévastateurs et imprévisibles. Dans le même temps, la société attend à juste titre des pratiques plus favorables à l’environnement et à la santé des vignerons, des consommateurs et des riverains des vignes.
Un regard historique rappelle que le vin, produit millénaire, a déjà connu plusieurs révolutions.
Le cycle actuel débute vers 1870 suite à une destruction massive du vignoble par le phylloxéra : généralisation du greffage et de la replantation dans les zones fertiles, production massive destinée aux villes et régions industrielles, structuration de coopératives à partir de 1901, mise en place d’une définition originale du vin à partir de 1889 et appliquée en réponse à la crise de 1907, solution aux maladies fongiques en agrochimie à partir de 1945, régulation économique par le rendement et régime des appellations contrôlées. Autant d’éléments d’un système complexe et cohérent, adapté aux cent cinquante dernières années, mais à reconstruire au moins en partie.
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