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pour Fatima Charkaoui, la flamme olympique brûlera tout l’été

Lorsque Fatima Charkaoui a reçu en janvier un appel téléphonique lui demandant de porter la flamme olympique le 26 juillet, quelques heures avant l’ouverture des Jeux, elle a dans un premier temps décliné l’invitation. “Il y avait des rumeurs selon lesquelles mon nom avait été proposé, mais je n’y croyais paselle dit. Ensuite, on m’a appelé pour me demander si j’étais disponible pour porter la flamme. J’avais pris des engagements associatifs pour cette période, j’ai donc répondu non. Mon interlocuteur m’a dit : « Mais tu es sûr ? Il s’agit de porter la flamme olympique, vous savez ? Plusieurs jours se sont écoulés et j’ai alors vraiment pris conscience de ce que cela signifiait. J’ai rappelé et dit que j’étais disponible. »

Pour la championne de cross-country, être l’une des dernières à porter la flamme avant l’ouverture des Jeux, qui plus est dans son département de Seine-Saine-Denis, constitue une formidable reconnaissance d’un parcours de vie qui a conduit à toute une carrière sportive sous aux couleurs de l’Association Sportive de PIerrefitte-sur-Seine (AS Pierrefitte) et à s’impliquer professionnellement auprès des jeunes de sa ville.

« Porter la flamme est une grande fierté, confie-t-elle. C’est un symbole fort qui véhicule un message de paix et d’amitié entre les peuples. Je pense que j’ai été sélectionné parce que la ville voulait récompenser l’investissement. C’est un cadeau. Pour moi, c’est une étape dans ma carrière et le signe que je dois continuer à m’investir dans des projets pour ma ville et aider les autres. »

Née au Maroc, Fatima Charkaoui est arrivée à Pierrefitte-sur-Seine à l’âge de deux ans. Cadette d’une famille de cinq enfants, elle a grandi dans une maison du quartier des Joncherolles, au sud de la ville. « Ma famille n’avait pas souvent l’occasion de partir en vacances. Je passais mes vacances à Sarcelles, à la piscine, nous allions chez mes cousins. C’était des vacances pour nous car nous changions de ville. Nous étions heureux,” se souvient-elle, le sourire aux lèvres.

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À l’âge de 14 ans, Fatima fait une rencontre qui va changer sa vie : l’athlétisme. C’est en montant sur le podium des Foulées Pierrefittoises dans sa catégorie d’âge, dès sa première participation, qu’elle s’est fait remarquer par les responsables du club local. « Je ne connaissais pas du tout l’athlétisme, elle dit. Ils ont pris mes coordonnées et m’ont appelé plusieurs fois. C’est comme ça que j’ai rejoint le club. Je ne suis jamais parti. »

Cependant, ce n’était pas un coup de foudre : « À 14 ans, personne n’aime courir quinze minutes, faire des tours. J’aimais la compétition, mais l’entraînement, non. » Au fil du temps, son rapport au sport a évolué. Paradoxalement, c’est la nécessité de s’entraîner régulièrement qui alimente son attachement à l’athlétisme : « Ce sport m’a appris à ne pas être paresseux. Si vous voulez réussir dans la vie, vous devez pratiquer. C’est un mode de vie sain : pour atteindre vos objectifs vous mettez en place un plan de travail. C’est ce que j’aime dans l’athlétisme. »

« Vision fermée du quartier »

Depuis sa première participation aux championnats de France de cross-country en 2005, elle n’a jamais raté une édition du rendez-vous national de l’élite et a été vice-championne de France de cross-country court par équipes en 2013 et 2014 avec son club, rejoignant ensuite les Français. équipe de jeunes. Sur piste, elle a remporté le titre national junior sur 1 500 m en 2011, mais c’est en cross-country qu’elle a obtenu ses meilleurs résultats. «Je continuerai à courir pour le plaisir jusqu’à ce que je n’en puisse plus» elle dit.

Avec le recul, la trentenaire se rend compte de l’importance de l’athlétisme dans sa carrière : « A 14 ans, on est perdu : faire de l’athlétisme m’a donné un cadre et un objectif. » Le sport lui a aussi permis de s’ouvrir sur le monde : « J’ai pu voyager, rencontrer de nouvelles personnes lorsque je concourais. Cela m’a permis de sortir de ma vision enfermée du quartier. Sans le sport, je n’aurais pas pu avoir cette ouverture sur le monde, qui m’a permis de changer ma façon de penser, d’avoir plus de tolérance envers les autres. »

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C’est parce qu’elle souhaite redonner aux jeunes Pierrefittois ce que le sport lui a apporté qu’elle travaille comme agente de développement sportif et éducatrice sportive depuis 2016 au sein de l’AS Pierrefitte, après avoir obtenu son brevet professionnel jeunesse, éducation populaire et sport.

Parallèlement, elle est bénévole au sein de l’Association Espoir Fauvettes-Joncherolles qui a pour objectif de favoriser l’insertion sociale des jeunes à travers la mise en œuvre d’activités de soutien culturel, sportif, éducatif et scolaire. Chaque année, elle permet aux Pierrefittois âgés de 14 à 18 ans de partir skier pendant une semaine. « C’est une façon pour moi de me renvoyer la balle. Aujourd’hui, j’investis dans des projets qui ont été réalisés pour moi il y a plusieurs années”souligne Fatima Charkaoui.

La flamme olympique passera par la Seine-Saint-Denis les 25 et 26 juillet. Pour la Pierrefittoise, dont l’un des modèles est l’athlète marocain Hicham El Guerrouj, double champion olympique, sur 1 500 et 5 000 m, à Athènes en 2004, voyant le Les jeux organisés dans son département sont une source de joie. “Comme tout athlète, j’ai toujours rêvé de participer aux Jeux, elle explique. Je vais prendre place. Mais même sans ça, me promener au Stade de France quand il y a des compétitions cet été me fera plaisir. J’en ai hâte. »

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A sa manière, elle participera doublement aux Jeux : portant la flamme, elle a également obtenu l’un des 20 024 dossards du Marathon pour tous, épreuve de course à pied grand public organisée par Paris 2024, qui se déroulera dans la soirée du mois d’août. 10. La flamme olympique n’a pas fini de brûler au cœur de Fatima Charkaoui.

Opération « Terrains de jeux »

Ce sujet a été réalisé dans le cadre du projet « Terrains de Jeux », soutenu par Visa, partenaire mondial des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Jusqu’en novembre 2024, huit jeunes, accompagnés de journalistes de Monde, racontez l’année olympique vue de la Seine-Saint-Denis sous forme d’articles, de vidéos et de podcasts. Ils ont été repérés par l’association Sport dans la ville dans le cadre d’un partenariat avec Visa dont l’objectif est de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes issus des quartiers prioritaires. L’écriture du Monde est responsable du choix des sujets et du contenu éditorial.

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Fleur

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