Pour garder ses professeurs, une ville japonaise a décidé d’externaliser la gestion des parents mécontents

Les équipes de la mairie de Tenri, près d’Osaka, ont constaté qu’une grande partie du mal-être de leurs enseignants provenait des relations compliquées avec les parents. Au Japon, les enseignants des écoles primaires et secondaires travaillent déjà en moyenne près de 11 heures par jour la semaine, et plusieurs heures le week-end, car ils doivent superviser les activités extrascolaires. Ils se plaignent de cette charge de travail et expliquent qu’ils doivent aussi consacrer de plus en plus de temps à gérer des parents extrêmement exigeants.

La mairie de Tenri a dressé une liste au journal Mainichi de toutes les demandes récemment faites par les familles aux écoles de la ville. Ce sont des parents qui ont harcelé un enseignant pendant des jours parce que leur petit donnait un coup de pied dans un mur de la maison. Les parents croyaient que cette colère était liée au stress créé à l’école. Une autre famille a exigé que son enfant soit raccompagné à la maison tous les jours. Et puis il y a les appels réguliers pour se plaindre de telle ou telle note qui serait injuste. La liste est longue et ce harcèlement constant pousse de plus en plus d’enseignants vers le burn-out. L’année dernière, la ville de Tenri a enregistré six démissions d’enseignants et huit mises en arrêt maladie.

Un centre de consultation et d’accompagnement des parents

Pour tenter de soulager les enseignants, la mairie veut prendre en charge ces parents en colère. L’idée est de détourner ce mécontentement. Les parents ne s’en prennent plus directement aux enseignants mais se tournent vers un bureau spécial mis en place par la municipalité. Ce nouveau service s’appelle le Centre de consultation et d’accompagnement des parents. Il est composé de 15 personnes. Y compris d’anciens directeurs d’école, des psychologues et des agents de mairie. Ils jouent un rôle de médiateur auprès des parents mécontents mais aussi auprès de ceux qui n’arrivent plus à gérer leur enfant qui refuse d’aller à l’école.

Ces centres de soutien pour les parents d’élèves en colère sont une première au Japon. Mais l’expérience est à suivre de près car ce sujet concerne de nombreuses collectivités locales du pays. Dans plusieurs villes, les mairies ont désormais dû créer des commissions spéciales qui interviennent lorsque les désaccords s’intensifient entre parents et enseignants. Ils sont notamment soutenus par des avocats lorsque le conflit s’intensifie.