Il s’agit d’un arsenal législatif européen sur le numérique. Le « Digital Markets Act » (DMA), ou régulation sur les marchés numériques, est entré en vigueur le 6 mars 2024 et vise à réguler l’activité économique des grandes plateformes numériques au sein de l’Union européenne. Cette loi, peu connue du grand public, vise à mettre fin à la domination des géants de l’Internet.
En septembre, Bruxelles a dévoilé la liste de six responsables du numérique qui doivent se soumettre à des règles plus strictes pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. La Commission a jusqu’à aujourd’hui pour décider du sort de Booking et de X (anciennement Twitter).
Six géants du numérique désignés
L’Union européenne a imposé des règles plus strictes à cinq géants américains du numérique – Alphabet (Youtube), Amazon, Apple, Meta (Facebook, Instagram) et Microsoft – ainsi qu’au chinois ByteDance, propriétaire de TikTok. L’objectif est d’endiguer les pratiques anticoncurrentielles car ces groupes sont accusés d’évincer la concurrence en abusant de leur position dominante. Ce sont les « contrôleurs d’accès »
Il s’agit d’entreprises dont le chiffre d’affaires en Europe dépasse 7,5 milliards d’euros et qui comptent au moins 45 millions d’utilisateurs finaux actifs et 10 000 entreprises utilisatrices dans l’Union européenne.
X et Booking bientôt impliqués ?
Début mars, la plateforme de voyage néerlandaise Booking s’est associée au réseau social numérique. La Commission disposait donc de 45 jours pour décider de désigner ou non les deux sociétés comme contrôleurs d’accès.
Une vingtaine d’obligations et d’interdictions
Le règlement impose une vingtaine d’obligations et d’interdictions à ces « contrôleurs d’accès », comme permettre aux utilisateurs de désinstaller facilement des services intégrés ou la nécessité de notifier à la Commission européenne les acquisitions et fusions que ces sociétés réalisent.
En cas de non-respect de la réglementation, la Commission européenne peut imposer des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial total de l’entreprise, et 20 % en cas de violations répétées. L’objectif est d’agir avant qu’un comportement abusif n’ait déjà détruit la concurrence et créé un quasi-monopole comme celui de Google dans les moteurs de recherche. Ils ne peuvent également plus réutiliser les données personnelles d’un utilisateur à des fins de publicité ciblée, sans son consentement explicite. Bref, c’est plus de liberté pour les utilisateurs.
La législation « change l’industrie numérique en Europe et transforme un secteur non réglementé en un secteur profondément réglementé », souligne Alexandre de Streel, directeur académique du Centre sur la régulation en Europe (CERRE).