Pourquoi la France ne reconnaît-elle pas l’État palestinien ?

Il ne reste plus qu’une quarantaine de pays dans le monde qui ne reconnaissent pas officiellement l’État palestinien. Parmi eux, les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Australie et une grande majorité de pays de l’Union européenne dont la France.

Une position qui aurait pu évoluer après la décision de trois pays du Vieux Continent, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, de reconnaître officiellement l’Etat palestinien. Mais pour la France, si une telle décision n’est “pas un tabou”, ce n’est pas le bon moment, a réagi Stéphane Séjourné, chef de la diplomatie française.

Pour le ministre des Affaires étrangères, « ce n’est pas le bon moment »

Paris estime que les conditions ne sont pas réunies “à ce jour pour que cette décision ait un réel impact” sur le processus visant la solution à deux Etats, a réagi mercredi le chef de la diplomatie française auprès de l’Agence France Presse. .

“Cette décision doit être utile, c’est-à-dire permettre une avancée décisive sur le plan politique”, a souligné Stéphane Séjourné dans une déclaration écrite. “Dans cette perspective, il faut qu’elle intervienne au bon moment pour qu’il y ait un avant et un après”, a-t-il ajouté, rappelant au passage l’issue souhaitée par la France : “il ne s’agit pas seulement d'”une question symbolique ou d’une question politique”. question de positionnement, mais un outil diplomatique au service de la solution de deux Etats vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité. »

L’ancien ministre des Affaires étrangères estime que l’État palestinien doit être reconnu

Cependant, son prédécesseur Jean-Yves Le Drian plaide pour la reconnaissance par la France de l’État palestinien.

Sur la radio Sud en avril, il estimait que “personnellement, je pense que cela devrait être fait (…) Nous devons mener des actions de ce type pour avancer en Israël”, ajoutait-il, soulignant que nous “ne pouvons pas continuer ainsi”. . “Les Israéliens doivent maintenant sortir de leur isolement car ils vont se mettre au ban de l’ensemble de la communauté internationale, ce qui n’est pas l’objectif recherché”, selon Jean-Yves Le Drian.

Les arguments avancés par l’exécutif actuel pour ne pas reconnaître l’État palestinien sont conformes à la politique étrangère française de ces dernières années. En décembre 2017, alors que les États-Unis viennent de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, le chef de l’État tient une conférence de presse avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

En 2017, Macron voulait attendre le « moment opportun »

“Les Américains sont marginalisés, j’essaie de ne pas faire pareil”, explique Emmanuel Macron, ajoutant qu’il n’allait pas reconnaître unilatéralement la Palestine car il “ne croit pas” que ce serait “efficace”. Emmanuel Macron précise que la France reconnaîtra l’État de Palestine « au moment opportun » et sans pression. Des arguments qui n’ont pas évolué six ans et demi plus tard.

Avant lui, François Hollande s’était engagé, lors de sa campagne en 2012, à « soutenir la reconnaissance internationale de l’État palestinien ». En mars 2017, le président Hollande a reçu une lettre de 154 parlementaires. « Une reconnaissance unilatérale de l’État palestinien par la France aujourd’hui n’aurait pas l’effet d’entraînement souhaité sur nos partenaires », a répondu le président de l’époque à leur souhait que la France reconnaisse l’État palestinien.

En 2014, Fabius affirmait que la France reconnaîtrait la Palestine comme État « le moment venu ».

Fin 2014, une résolution invitant le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine arrive à l’Assemblée, portée par les députés socialistes. La résolution est votée par l’Assemblée puis le Sénat, mais le gouvernement n’y donne pas suite.

Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères a assuré devant l’Assemblée que la France reconnaîtrait la Palestine comme Etat “le moment venu”, ajoutant que cette décision doit être “utile à la paix” et pas seulement “symbolique”.

« À un moment donné, nous devrons reconnaître l’État palestinien », a déclaré Fabius en 2014.

Quelques mois plus tôt, en août 2014, lors de la Conférence des ambassadeurs, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, avait déclaré : « Il faudra, à un moment donné, reconnaître l’État palestinien », rappelle TF1 Info. Dix ans plus tard, l’heure ne semble toujours pas propice aux différents cadres qui se sont succédé.

Cependant, la situation semble changer. Pendant longtemps, la ligne des grands pays européens a été de ne pas reconnaître l’État de Palestine avant la conclusion d’un accord de paix définitif entre l’Autorité palestinienne et Israël.

Une situation évolutive

En mai dernier, la France a voté en faveur du projet de résolution présenté par l’Algérie proposant l’admission de la Palestine à l’ONU, ce qui serait un premier pas. “Cet aveu doit permettre la reprise d’un processus décisif et irréversible pour mettre en œuvre la solution à deux États et le renforcement de l’Autorité palestinienne dans les Territoires palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie”, a expliqué la France pour justifier son vote.

Une résolution adoptée par 143 voix pour, neuf contre dont les États-Unis et Israël, et vingt-cinq abstentions (notamment le Canada et le Royaume-Uni). Le veto américain a mis fin aux espoirs d’intégrer la Palestine aux Nations Unies.

Anna

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