Pourquoi les Macédoniens font leurs valises

Après midi, nous sommes les premiers visiteurs du site archéologique de Stobi, le plus important de Macédoine du Nord, situé entre les rivières Crna Reka et Vardar, sur la route historique reliant la région du Danube aux pays méditerranéens.

Les vestiges de la ville antique sont accessibles par l’autoroute qui continue vers le sud en direction de Thessalonique. La route a été officiellement inaugurée en 2018 par Zoran Zaev, alors Premier ministre macédonien, accompagné des ministres des Transports macédonien et grec et d’un responsable européen en charge de la politique d’élargissement de l’Union européenne (UE). .

Jusqu’alors, la route portait le nom d’Alexandre le Grand, comme toutes les constructions stratégiques de Macédoine du Nord. Dans l’esprit d’enterrer la hache de guerre avec le voisin grec, cette route a été rebaptisée « Autoroute de l’amitié »..

Peu de temps après, le Premier ministre social-démocrate Zaev a signé l’accord de Prespa avec le Premier ministre grec de l’époque, Alexis Tsipras, levant ainsi le blocus grec sur les négociations d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne. En contrepartie, le nom du pays a été changé en « Macédoine du Nord », et la Constitution a été modifiée, donnant notamment à la langue albanaise le statut de deuxième langue officielle du pays, la minorité albanaise représentant 30 % de la population du pays. Macédoine.

Zaev a mis fin à la politique « d’antiquisation » de la Macédoine du Nord, fondée sur la thèse selon laquelle les Macédoniens n’étaient pas des Slaves mais les descendants des anciens Grecs, promue à l’époque par son prédécesseur, Nikola Gruevski. alors chef du parti nationaliste VMRO-DPMNE. Gruevski a depuis été condamné à deux ans de prison pour corruption. Pour échapper à sa condamnation, il s’est enfui en Hongrie, où il a obtenu l’asile politique. Son idéologie de « retour aux racines anciennes » a été plus ou moins jetée dans les poubelles de l’histoire, mais ses traces restent encore visibles.

« La lutte millénaire des enfants d’Alexandre de Macédoine »

Bien que les fondations de l’État macédonien aient été posées à l’époque de la Yougoslavie, le passé yougoslave est présenté par les nationalistes comme un épisode traumatisant. « dans la lutte millénaire des enfants d’Alexandre de Macédoine pour la construction de leur État ».

Le point culminant de ce processus a été le projet Skopje 2014, dont le but était de transformer la capitale en une ville néoclassique. Des dizaines de bâtiments, ponts et monuments ont été construits. Lors de la mise en œuvre du projet, des centaines de millions d’euros ont été détournés. Les façades classiques collées aux bâtiments modernistes construits après le tremblement de terre de 1963 tombent aujourd’hui en ruine.

Il semble que les habitants de Skopje n’aient aucun problème avec le kitsch nationaliste qui jonche le centre-ville, ni avec le fait qu’un jour il cédera la place à autre chose. Ils sont habitués aux projets mégalomanes, de démolition et de reconstruction. Leur multiculturalisme est organique. Les Macédoniens sont des Balkans incorrigibles, on ne sait pas où finit l’Antiquité, où commence Byzance, ce que les Ottomans ont apporté, si le vendeur du vieux bazar est albanais ou r