Pourquoi les politiciens japonais sont presque tous âgés

Lors de la première élection d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017, la presse japonaise rapportait sur un ton admiratif l’ascension d’un si jeune président, qui n’avait alors « que » 40 ans.

Il faut dire qu’au Japon, voir un quadragénaire prendre la tête du pays est presque inimaginable. Le plus jeune Premier ministre que l’archipel ait élu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est Shinzo Abe, qui avait 52 ans lorsqu’il a formé son premier gouvernement en 2006.

A tel point que dans la course à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, Shinjiro Koizumi, ancien ministre de l’Environnement et l’un des candidats favoris, tente d’utiliser sa jeunesse – il a 43 ans – comme un avantage sur ses rivaux plus âgés.

Le vote, qui aura lieu le 27 septembre, est crucial car le vainqueur sera assuré de succéder à Fumio Kishida et de devenir le nouveau Premier ministre du Japon.

À l’approche des élections, le quotidien japonais Journal Mainichi Shimbun “Nous sommes très enthousiastes à l’idée du Japon comme un endroit où nous pouvons être très jeunes”, a déclaré Yusuke Tanaka, directeur de l’institut de recherche Public Meets Innovation, qui a mené une étude comparative entre le Japon et les pays scandinaves, ces derniers élisant souvent de très jeunes dirigeants politiques (comme l’ancienne Première ministre finlandaise Sanna Marin, qui avait 34 ans lorsqu’elle a été élue).

Selon ses études, le taux d’élus japonais de moins de 46 ans n’est que de 22,2%, loin derrière des pays européens comme les Pays-Bas, la Suède ou la Finlande (autour de 45%).

« Les obstacles financiers sont trop importants »

Pour le chercheur japonais, cet écart s’explique notamment par le mode de scrutin. Si ces pays européens choisissent leurs représentants nationaux uniquement sur des listes proportionnelles, ce n’est pas le cas au Japon, qui recourt en partie au scrutin majoritaire à un tour.

«En règle générale, le système proportionnel (…) donne plus de poids aux groupes minoritaires. Même dans un pays vieillissant, avec ce système de vote, il est plus facile pour les jeunes candidats d’être élus», analyse Tanaka.

A la différence du système électoral s’ajoute le système de caution, qui n’existe pas dans des pays comme la France ou l’Allemagne. Au Japon, tous ceux qui souhaitent se présenter aux élections législatives doivent déposer une caution de 3 millions de yens (19 000 euros). « On dit que la campagne pour un siège à la Chambre basse coûte environ 100 millions de yens (environ 600 000 euros), sans compter la caution. Je connais des trentenaires qui aimeraient tenter leur chance, mais ils me disent que les obstacles financiers sont trop importants », continue Yusuke Tanaka.

«Faute de moyens, les jeunes, surtout ceux qui n’ont ni réseaux ni notoriété, n’ont souvent d’autre choix que de dépendre d’une grande organisation. Et même après leur élection, leurs activités risquent d’être dictées par cette dernière.“, note le journaliste de Journal Mainichi Shimbun. “Ce système de caution constitue un frein pour les jeunes aspirants politiques.», conclut le chercheur.