Le parquet a requis 18 mois de prison, dont six sous bracelet électronique, contre Magali Berdah, l’ancienne « papesse des influenceuses », jugée lundi à Nice pour faillite alors qu’elle était courtier d’assurances il y a une dizaine d’années. Le procès s’est poursuivi dans la soirée avec les arguments de la défense.
L’affaire concerne la société de bourse BA&CO, créée en 2013 par une amie d’enfance de Magali Berdah, reprise en mars 2014 par la mère de cette figure du monde des réseaux sociaux, puis placée en liquidation judiciaire en juillet 2015, avec un passif estimé à près de 2,5 millions d’euros.
Comptabilité analysée
Si Magali Berdah se présentait comme une simple employée chargée des ventes au sein de BA&CO, le parquet a considéré qu’elle en était la dirigeante de facto. « Elle apparaît comme le personnage central de cette société. Elle nie mais tous les éléments convergent», a insisté la procureure, Sylvie Maillard, demandant également une interdiction définitive de diriger une société.
Poursuivie à ses côtés, l’amie d’enfance de Magali Berdah a refusé de répondre aux questions tandis que sa mère, absente de l’audience pour raisons de santé, n’a donné que de vagues réponses au cours de l’enquête. Le parquet a requis à leur encontre une peine de prison avec sursis.
Entre 2014 et 2015, la très vague comptabilité de BA&CO fait état de plus de 80 000 euros pris en espèces sans justification, tandis que 600 000 euros transitaient par un compte ouvert au nom d’une secrétaire pour payer les salaires alors que les avoirs de l’entreprise risquaient d’être gelés à la demande de créanciers. Mais ce compte présente aussi d’importantes dépenses de luxe (hôtels à Monaco, vêtements, chocolats, etc.) que personne n’a expliquées.
Très combative devant les juges, Magali Berdah reconnaissait néanmoins une certaine perméabilité entre ses finances personnelles et le compte de la secrétaire : elle recevait des rémunérations pour son travail et elle alimentait également le compte avec les fonds qui lui avaient été prêtés en 2015.
Une première condamnation en 2019
En 2019, elle a également été reconnue coupable d’abus de faiblesse pour avoir emprunté ces fonds à un homme atteint de la maladie d’Alzheimer, alors même qu’elle affirme avoir tout remboursé, intérêts compris. Une affaire qui a poussé les enquêteurs à s’intéresser récemment à BA&CO. « Du jour au lendemain, on s’est réveillé en se disant que c’était Magali Berdah qui avait tout fait », a dénoncé l’influenceuse.
Elle a insisté sur les vingt sociétés qu’elle a gérées en son nom au cours de sa vie : elles ont toutes été liquidées « en bonne et due forme » selon elle – avec 350 000 euros de passif, a toutefois rappelé le procureur –, tandis que l’agence Shauna Events, créée en 2017 et spécialisée dans la mise en relation des marques et des influenceurs, a fait fortune.
Elle a pourtant vécu une « descente aux enfers » en 2022, lorsque le rappeur Booba a commencé à l’accuser de pratiques commerciales trompeuses. L’enquête à son encontre a été classée sans suite, tandis que Booba a été mis en examen pour harcèlement moral aggravé en ligne et que 28 internautes ont été condamnés en mars.