(Joliette) Un couple qui se « chamaillait » souvent. Un homme « triste » d’être éventuellement abandonné par sa compagne. Cris de la victime entendus à l’extérieur la veille de sa mort. Les amis du couple ont donné vendredi au jury plus de contexte sur la relation tumultueuse entre Alexandre Boudreau-Chartrand et Andréane Ouellet.
L’homme de 38 ans est jugé depuis une semaine pour le meurtre au deuxième degré de son épouse et mère de leurs cinq enfants. Andréane Ouellet, 32 ans, a subi des blessures si graves que son visage n’était pas reconnaissable, selon un policier. Les circonstances de sa mort, survenue il y a deux ans, restent toutefois floues.
Selon la thèse de la Couronne, Alexandre Boudreau-Chartrand avait « beaucoup de difficulté à digérer les infidélités » de sa compagne et était « bouleversé par l’incapacité de sa compagne à maintenir sa sobriété ». Cependant, une grande partie de l’affaire ne peut pas être révélée au public.
La veille du décès d’Andréane Ouellet, Kimberly Wanke s’est rendue vers 19 heures à la résidence Boudreau-Chartrand-Ouellet, à Saint-Donat. De l’extérieur, elle pouvait entendre des cris. « Il y a eu une bagarre. J’entendais Andréane crier, mais je n’entendais pas ce qui se disait», a témoigné cette voisine et grande amie de la famille.
Alexandre Boudreau-Chartrand est alors sorti par la porte latérale, puis a discuté avec elle pendant une vingtaine de minutes. « Il m’a dit qu’il se disputait parce qu’elle était jalouse », a déclaré Kimberly Wanke.
En contre-interrogatoire, le témoin a convenu qu’Alexandre Boudreau-Chartrand était calme lors de leur conversation. Elle a également ajouté que deux personnes criaient pendant la chicane.
Des querelles fréquentes
Kimberly Wanke affirme avoir souvent été témoin de disputes entre l’accusé et la victime. « C’était souvent problématique, lié à la consommation d’Andréane. Il se disputait souvent à ce sujet », a-t-elle témoigné.

PHOTO PRISE DE LA PAGE FACEBOOK D’ANDRÉANE OUELLET
Andréane Ouellet a été tuée chez elle à Saint-Donat en septembre 2021
A noter que les parties admettent qu’au cours de leur relation, l’accusé et la victime « ont fait preuve l’un envers l’autre de violences verbales et psychologiques, et ce, de façon continue ».
L’ami de la famille était également présent lors d’un événement survenu quatre mois avant le décès d’Andréane Ouellet. Elle n’a toutefois pas été interrogée à ce sujet, puisque la Couronne et la défense se sont entendues sur une version des faits.
On apprend ainsi qu’en mai 2021, Andréane Ouellet s’est coupée la main en frappant la vitre d’un placard lors d’une « dispute des deux côtés », alors qu’elle était en état d’ébriété. Alexandre Boudreau-Chartrand a voulu appeler à l’aide, mais sa compagne a refusé. Il a ensuite appelé Kimberly Wanke pour l’aider à la convaincre, ce qui a fonctionné.
Un autre témoin a raconté au jury qu’Alexandre Boudreau-Chartrand lui avait confié quelques semaines avant le meurtre qu’Andréane Ouellet envisageait de le quitter. « Il était à la fois triste et en colère. Il était triste », a déclaré ce témoin. Toutefois, l’accusé ne s’est pas montré agressif lors de cette conversation.
Plus tôt cette semaine, le jury a visionné des centaines de photos de la scène du crime. Plusieurs pièces de la résidence familiale étaient en effet parsemées d’innombrables gouttelettes rouges et pilules. Des mèches de cheveux ont même été retrouvées à certains endroits. Des bermudas portant des traces de sang ont également été retrouvés encore mouillés dans la machine à laver, qui sentait l’eau de Javel.
Selon la version de l’accusé au 911, Andréane Ouellet est tombée une première fois dans les escaliers le matin de son décès. Alexandre Boudreau-Chartrand l’aurait accompagnée jusqu’à son lit, puis serait parti sans elle pour une rencontre extrêmement importante pour le couple. À son retour, une heure plus tard, il découvre le corps de sa compagne au pied de l’escalier. Il suppose au 911 qu’elle a eu une « overdose » et qu’elle a dévalé les escaliers.
Le procès se poursuit la semaine prochaine devant le juge Eric Downs. Les procureurs Me Valérie Michaud et Me Caroline Buist représente le ministère public. L’accusé est défendu par Me Catherine Ranalli et Me Élise Pinsonnault.
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