programme, candidats… Ces points qui restent à trancher pour un « front populaire » de gauche

« Le serment d’être unis jusqu’à la victoire ». Fabien Roussel, Manuel Bompard, Marine Tondelier et Olivier Faure ont annoncé ce lundi 10 juin, 24 heures après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, leur volonté de constituer un nouveau « Front populaire ». Les dirigeants d’EELV, PS, LFI et PCF se réuniront ce mardi 11 juin pour poursuivre les négociations.

L’objectif est de « soutenir des candidats uniques dès le premier tour » des prochaines élections législatives, qui auront lieu dimanche 30 juin et 7 juillet.

Une alliance sur les traces des syndicats ?

EELV, PS, LFI et PCF, mais aussi Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann appellent dans un communiqué à « rejoindre les cortèges » prévus ce week-end à l’appel de la CFDT, de la CGT, de l’UNSA, de la FSU et de Solidaires qui veulent « manifester le plus largement possible » contre l’extrême droite.

François Ruffin avait initié une telle démarche dimanche soir. En duplex sur BFMTV après l’annonce de la dissolution, le député picard a appelé les dirigeants des quatre forces de gauche à « se tenir derrière une barrière commune, une bannière du Front populaire ».

Un appel entendu par les partis, mais aussi par des dizaines de milliers de Français. L’Insoumis a lancé ce lundi une plateforme pour « soutenir » l’initiative. En quelques heures seulement, plus de 260 000 signatures ont été réclamées.

Quels candidats ?

Marine Tondelier, Olivier Faure, Fabien Roussel et Manuel Bompard doivent donc se réunir ce mardi 11 juin pour poursuivre les négociations entamées ce lundi. Au programme : l’élaboration d’un « programme de ruptures sociales et écologiques » et d’une liste de candidats.

Ou au moins une liste de circonscriptions pour chaque parti. Pour l’heure, les députés sortants du Nupes sont assurés de se présenter sous la nouvelle bannière commune. Certains l’ont déjà annoncé : Alexis Corbière en Seine-Saint-Denis, Sébastien Peytavie en Dordgone ou encore Sandra Regol dans le Bas-Rhin.

D’autres cas posent question, comme celui d’Adrien Quatennens. L’insoumise, condamnée en 2022 dans une affaire de violences conjugales, ne devrait plus être député, estimait il y a quelques mois l’écologiste Sandrine Rousseau. Sur BFMTV, l’élue parisienne a souhaité « évoquer » son cas lors des négociations.

Julien Bayou a annoncé sa candidature ce lundi. Au risque de diviser son camp. Le secrétaire général du PS à Paris, Éric Algrain, a déjà annoncé qu’il se présenterait contre lui.

Quel programme?

Quant au programme, PS, EELV et LFI ont tous publié ce lundi une liste de conditions ou propositions à respecter en cas d’alliance. Les écologistes ont ainsi proposé « un ensemble de 10 mesures simples et lisibles pour changer la vie des Français ». On y retrouve « un plan climat visant la neutralité carbone en 2050 » ou encore une augmentation du salaire minimum à 1 600 euros.

Bien entendu, des différences demeurent. Quand les insoumis réclament « le retour de la retraite à 60 ans », les socialistes souhaitent « l’abrogation de la réforme des retraites ».

Mais globalement, les trois listes de propositions se rejoignent. Après tout, EELV, PS, LFI et PCF avaient réussi à unir leurs forces en 2022 en signant le programme commun Nupes, malgré des divergences tout aussi fortes sur nombre de sujets, comme le nucléaire par exemple.

Mais ce nouveau programme ne devrait pas être celui signé par Nupes. Pourtant, dans la nuit de dimanche à lundi, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a proposé « de se rassembler autour de ce programme avec clarté et cohérence ». Une concession importante a donc été faite par La France insoumise, dès le début des négociations.

Le mouvement de Glucksmann tempère

L’accord annoncé ce lundi n’est donc qu’une première étape. Dans la nuit, Aurore Lalucq, porte-parole de la liste de Raphaël Glucksmann aux élections européennes et coprésidente de Place publique, a rapidement tempéré l’enthousiasme. « Ce n’est pas un accord, juste une ouverture de discussion qui nous a permis de poser nos conditions », a-t-elle déclaré, alors que son mouvement est signataire du communiqué commun.

Ces conditions sont : « une ligne clairement pro-européenne », « un soutien indéfectible à la résistance ukrainienne et à la livraison d’armes » et « le rejet de la brutalisation de la vie politique et de la calomnie ».

« On ne va pas répéter les Nupes, il y a eu un renversement du rapport de force, je suis en tête à gauche », proclamait quelques heures plus tôt Raphaël Glucksmann sur le plateau de France 2, en proposant le nom de Laurent. Berger à se rendre à Matignon. L’ancien patron de la CFDT, retraité de la vie publique, n’a pas réagi lundi soir à cette proposition.

« Il y a des conditions, je suis garant d’un cours. Ce cap ne changera pas», a insisté Raphaël Glucksmann.

Au sein du PS, Olivier Faure, signataire du communiqué commun, devra répondre à plusieurs questions ce mardi lors d’un Conseil national, le « parlement » du PS. Plusieurs de ses membres dénoncent le « manque de respect » de la démocratie interne. « En ce qui me concerne, je suis en désaccord avec ce syndicat de façade fait pour sauver vos sièges », écrit Chibli Kamel, vice-président du conseil régional d’Occitanie.

Si une union de la gauche pouvait permettre aux partis de ce nouveau « Front populaire » de se qualifier pour le second tour dans presque toutes les circonscriptions, une division pourrait les faire disparaître de l’Assemblée nationale. Ensemble, EELV, PS, PCF, LFI et alliés ont la possibilité de maintenir leurs élus, voire d’obtenir une majorité relative au soir du dimanche 7 juillet. Désunis, ils sont assurés de perdre.

Article original publié sur BFMTV.com