Projet de fusion Radio France

Le principe de « fusion » entre France Télévisions et Radio France a été approuvé par les députés en commission des affaires culturelles, mardi 14 mai 2024 au soir. « Le moment politique est venu »a insisté la ministre de la Culture, Rachida Dati, auprès des élus.

L’amendement a été adopté par 30 voix pour, 18 contre, celles de la gauche et du MoDem. Ce dernier, bien qu’allié de la majorité présidentielle, demande à ne pas aller « trop ​​loin, trop vite ».

Un calendrier en deux phases jusqu’en 2026

Le ministre de la Culture a rappelé le calendrier de cette réforme de l’audiovisuel public. En 2025, un « phase intermédiaire », sous un régime de détention. À 1euh Janvier 2026 interviendra  » but «  de cette réforme : un « entreprise unique » regroupant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’Ina (Institut National de l’Audiovisuel).

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Les députés de la commission des affaires culturelles ont exclu France Médias Monde (FMM) de la future holding, à l’issue d’un vote serré. «  FMM ne répond pas du tout aux mêmes objectifs et aux mêmes enjeux », s’est défendu Martine Froger, du groupe Liot. Toutefois, les parlementaires pourraient revenir ultérieurement sur cette disposition, souligne leAFP.

Accélération du projet ces derniers mois

Validé dans la nuit en commission, le texte doit désormais passer sa première lecture à l’Assemblée nationale les 23 et 24 mai. En cas de blocage législatif, cette première lecture serait reportée au 24 juin, voire septembre.

Pour Rachida Dati, « le sujet est mûr ». Le ministre de la Culture estime que l’audiovisuel public a «des atouts indéniables» mais qui sont « dispersé », ce qui conduit à un « risque d’affaiblissement » face à la concurrence des plateformes internationales, comme Netflix.

Dès son premier mandat en 2017, Emmanuel Macron avait prôné un rapprochement tout en dressant un constat sévère sur l’audiovisuel public, rappelle leAFP. Franck Riester, prédécesseur de Rachida Dati, avait déjà un projet en holding en 2018, avant que celui-ci ne soit stoppé par la pandémie de Covid-19.

Nommée en janvier, Rachida Dati affirme que la réforme doit être menée au plus vite, c’est-à-dire avant la fin du mandat de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, en 2025. Un acteur du secteur, interrogé par l’AFP, estime que c’est aussi une façon pour le ministre d’avoir  » une critique «  en Culture avant de briguer la mairie de Paris en 2026.

Syndicats et gauche, vent fort contre les réformes

Opposés à ce projet de fusion, les syndicats de Radio France ont déjà appelé à une grève de deux jours, les 23 et 24 mai.

Les politiciens de gauche s’élèvent eux aussi contre cette réforme. Pour l’Insoumise Ségolène Amiot, ce projet est « le point culminant du dénigrement et de l’affaiblissement » la fonction publique à l’œuvre depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Le gouvernement va de l’avant  » aveuglement « , avec une politique « avec un doigt mouillé », a fustigé le socialiste Iñaki Echaniz. « Ce n’est pas le retour de l’ORTF qui nous permettra de concurrencer Netflix », » a déclaré l’écologiste Sophie Taillé-Polian.

Le financement, au cœur des débats et des préoccupations

L’entreprise géante, qui pourrait naître de cette réforme, disposerait d’un budget de quatre milliards d’euros. Pas moins de 16 000 salariés seraient concernés par cette réforme.

Le député Renaissance Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête sur les fréquences de la TNT critiquée après son apparition sur le plateau de TPMP début avril, tente de rassurer sur le plan financier. Avec Jean-Jacques Gaultier (Les Républicains), il prépare un texte instaurant une dotation pérenne du budget de l’État au profit de l’audiovisuel public (« prélèvement sur les recettes »), sur le modèle du financement communautaire.

Depuis la suppression de la redevance en 2022, l’audiovisuel public est financé par une fraction de la TVA, selon un mécanisme provisoire.

La publicité, sujet sensible, a également été au cœur des discussions en commission. Un amendement du gouvernement visant à relever le plafond des recettes publicitaires de l’audiovisuel public a été adopté. Mais les parlementaires s’engagent à retravailler le sujet.

Les acteurs privés du secteur sont farouchement opposés à cette suppression du plafond et les députés LR y mettent un point dur. « C’est une course aux audiences, et la logique commerciale n’est pas celle du service public » a prévenu Jean-Jacques Gaultier.