SSur le papier, un défi en forme de (petite) montagne. Sur le tatami, un combat engagé, âpre, intense. L’Arena Champ-de-Mars ne s’y est pas trompée. Soudain, une mer de drapeaux tricolores a rempli l’arène. Et l’enceinte s’est transformée en chaudron. Lorsque Sandrine Martinet est entrée, soudain, les supporters étaient si excités que leurs cris ont menacé de faire tomber de cheval le maréchal Joffre, dont l’immense statue – installée là avant la construction de ce grand palais éphémère – surplombe majestueusement le stade de compétition.
« Sandrine… Sandrine… » Portée par la foule, la championne a cru à l’exploit. À 41 ans, elle voulait décrocher cette médaille d’or pour l’ajouter à un panier de couronnes déjà impressionnant : elle est la seule judoka à avoir réussi l’exploit de remporter cinq médailles – à l’issue de ce match – aux Jeux paralympiques (elle en est à sa sixième). Elle avait décroché l’or à Rio en 2016 – après l’argent aux deux précédents JO, pourquoi pas à Paris ? On a le droit de rêver, histoire de faire oublier la finale perdue il y a quatre ans à Tokyo. On a le droit de rêver, surtout quand on se bat à domicile.
Plume
Originaire de Montreuil en région parisienne, la judoka aujourd’hui installée à Mâcon a concouru dans la catégorie B2 pour les déficients visuels chez les moins de 48 kilos. Elle y croyait, même si elle savait que ce serait difficile. Impossible même. Au premier rang, sa famille, sa tribu pourrait-on dire, tant ils étaient nombreux – une vingtaine – à crier à tue-tête, à l’unisson d’une Arena survoltée.
Mais devant elle, il y a une montagne, donc. Cette montagne s’appelle Akmaral Nauatbek, elle est kazakhe. Sandrine la connaît bien : elle a perdu contre elle en 2022. Et, en plus, tout le monde perd contre cette fille. Nauatbek a 25 ans. Surtout, elle vient du monde valide, et la Kazakhe n’a pas perdu un combat depuis qu’elle pratique le parajudo. L’affaire est réglée en moins de deux minutes.
Mais Sandrine Martinet quitte le tatami sous les acclamations, prenant son temps, le sourire aux lèvres, pour savourer son plaisir jusqu’au bout. Elle a accompli un exploit : elle a perdu avec panache. Et cette grande championne ajoute encore une médaille d’argent à l’un des plus beaux palmarès du sport paralympique. Chapeau bas !