Dans le débat public allemand, cet épisode est régulièrement présenté comme l’un des symboles frappants de la perte de compétitivité de l’Allemagne. Le fabricant d’électroménager de luxe Miele, touché par la baisse des commandes et la hausse de ses coûts, a annoncé en février son intention de délocaliser une grande partie de sa production en Pologne. L’entreprise, emblématique du « made in Germany » pour l’équipement ménager, tourne le dos à la fabrication de ses fameuses machines à laver domestiques en Allemagne. Deux mille sept cents emplois sont concernés, notamment à Gütersloh, en Rhénanie du Nord-Westphalie, siège du groupe familial fondé il y a cent vingt-cinq ans.
Miele s’ajoute à la liste des entreprises allemandes qui délocalisent leur production ou préfèrent investir à l’étranger plutôt qu’en Allemagne, dans un contexte de baisse générale des investissements. Derrière les récentes annonces très visibles des grands noms de l’industrie (Bosch, ZF, Continental) qui suppriment des milliers d’emplois en Allemagne, de nombreuses PME se sentent menacées. Selon une enquête du syndicat IG Metall, réalisée auprès de 2.500 conseils d’entreprise et publiée fin mars, 50% des entreprises investissent trop peu dans leurs sites outre-Rhin.
« Au lieu de s’attaquer activement aux défis actuels, les entreprises remettent de plus en plus en question les lieux d’implantation et l’emploi. », souligne le syndicat. Une étude de mars de la Chambre allemande de commerce et d’industrie constate que 35 % des entreprises qui investissent à l’étranger le font pour des raisons de coûts, et non plus pour conquérir de nouveaux marchés. Les deux grands secteurs les plus touchés sont les industries très consommatrices d’énergie ainsi que l’industrie automobile, soulignait l’institut IFO en avril.
« À côté des prix de l’énergie, il y a l’immense bouleversement auquel doit faire face l’automobile, vers l’électrique et le numérique. Cela signifie que de nombreuses entreprises tentent de réduire leurs coûts en restructurant leur production. », confirme Oliver Falck, de l’IFO. Ce manque d’investissement a des conséquences dramatiques sur la modernisation du pays. Selon les chiffres de la banque KfW, les dépenses des entreprises en Allemagne, qui représentent 55 % des efforts d’investissement du pays, stagnent depuis une décennie à un niveau bien inférieur à celui des années 1990.
Ils sont clairement insuffisants pour renouveler l’appareil productif du pays, dans un contexte de transition numérique et écologique. Les groupes étrangers ne peuvent pas inverser la tendance : selon le baromètre du cabinet EY, publié début mai, les investissements des entreprises étrangères en Allemagne, en baisse de 35% en sept ans, sont au plus bas depuis dix ans.
Il vous reste 58,67% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Dans le débat public allemand, cet épisode est régulièrement présenté comme l’un des symboles frappants de la perte de compétitivité de l’Allemagne. Le fabricant d’électroménager de luxe Miele, touché par la baisse des commandes et la hausse de ses coûts, a annoncé en février son intention de délocaliser une grande partie de sa production en Pologne. L’entreprise, emblématique du « made in Germany » pour l’équipement ménager, tourne le dos à la fabrication de ses fameuses machines à laver domestiques en Allemagne. Deux mille sept cents emplois sont concernés, notamment à Gütersloh, en Rhénanie du Nord-Westphalie, siège du groupe familial fondé il y a cent vingt-cinq ans.
Miele s’ajoute à la liste des entreprises allemandes qui délocalisent leur production ou préfèrent investir à l’étranger plutôt qu’en Allemagne, dans un contexte de baisse générale des investissements. Derrière les récentes annonces très visibles des grands noms de l’industrie (Bosch, ZF, Continental) qui suppriment des milliers d’emplois en Allemagne, de nombreuses PME se sentent menacées. Selon une enquête du syndicat IG Metall, réalisée auprès de 2.500 conseils d’entreprise et publiée fin mars, 50% des entreprises investissent trop peu dans leurs sites outre-Rhin.
« Au lieu de s’attaquer activement aux défis actuels, les entreprises remettent de plus en plus en question les lieux d’implantation et l’emploi. », souligne le syndicat. Une étude de mars de la Chambre allemande de commerce et d’industrie constate que 35 % des entreprises qui investissent à l’étranger le font pour des raisons de coûts, et non plus pour conquérir de nouveaux marchés. Les deux grands secteurs les plus touchés sont les industries très consommatrices d’énergie ainsi que l’industrie automobile, soulignait l’institut IFO en avril.
« À côté des prix de l’énergie, il y a l’immense bouleversement auquel doit faire face l’automobile, vers l’électrique et le numérique. Cela signifie que de nombreuses entreprises tentent de réduire leurs coûts en restructurant leur production. », confirme Oliver Falck, de l’IFO. Ce manque d’investissement a des conséquences dramatiques sur la modernisation du pays. Selon les chiffres de la banque KfW, les dépenses des entreprises en Allemagne, qui représentent 55 % des efforts d’investissement du pays, stagnent depuis une décennie à un niveau bien inférieur à celui des années 1990.
Ils sont clairement insuffisants pour renouveler l’appareil productif du pays, dans un contexte de transition numérique et écologique. Les groupes étrangers ne peuvent pas inverser la tendance : selon le baromètre du cabinet EY, publié début mai, les investissements des entreprises étrangères en Allemagne, en baisse de 35% en sept ans, sont au plus bas depuis dix ans.
Il vous reste 58,67% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.