quatre questions sur le projet de loi controversé « influence étrangère » examiné par le Parlement

Le texte, perçu comme liberticide par l’opposition, a été adopté en deuxième lecture par les parlementaires géorgiens. Il doit être examiné en troisième et dernière lecture d’ici la mi-mai.

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L’adoption du projet de loi sur « l’influence étrangère » en deuxième lecture par le Parlement, mercredi 1er mai, a déclenché une nouvelle escalade du mouvement de contestation à travers la Géorgie. Des milliers de manifestants brandissant des drapeaux géorgiens sont descendus dans la rue pour se rassembler devant le Parlement et tenter de bloquer les entrées du bâtiment.

Pour les critiques de ce texte, le projet de loi défendu par le parti majoritaire Rêve géorgien de l’oligarque Bidzina Ivanishvili affaiblirait les activités des ONG et des médias dans le pays. L’opposition dénonce également un projet répressif, contraire au processus d’adhésion à l’Union européenne.

1 Que contient ce projet de loi ?

Le gouvernement géorgien, dirigé par le Premier ministre Irakli Kobakhidzé, avait déjà tenté de faire adopter un projet de loi similaire en mars 2023, mais avait fait marche arrière après des manifestations massives. Le gouvernement assure que cette fois, ce texte a été largement revu. Selon l’exécutif, il s’agit d’obliger les organisations non gouvernementales et les médias à faire preuve d’une plus grande “transparence” sur leur financement.

Si elle est adoptée, cette loi obligera les ONG ou les organisations médiatiques recevant plus de 20 % de leur financement de l’étranger à s’enregistrer comme «organisations poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère »passible d’une amende.

2 Pourquoi cette réforme fait-elle polémique ?

L’opposition et les manifestants dénoncent l’inspiration russe de cette loi. En 2012, les parlementaires de la Douma ont adopté une loi comparable établissant un statut d’« agent étranger ».

Ce texte est « une copie de la loi Poutine »assure sur France 24 la présidente pro-européenne de Géorgie, Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir. Ce projet est d’ailleurs jugé liberticide par de nombreuses ONG. Si le projet de loi est adopté, Human Rights Watch craint que les ONG soient « sous réserve d’un examen plus approfondi par les autorités et de sanctions, y compris pénales ».

Fin 2023, l’UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel. Toutefois, le gouvernement géorgien doit mener une série de réformes pour lancer les négociations d’adhésion. Ce projet de loi est considéré par Bruxelles comme incompatible avec ce processus. « Le peuple géorgien a choisi la voie européenne (…). Soyons clairs : le projet de loi (…) n’est pas conforme aux aspirations de la Géorgie à l’UE et à sa trajectoire d’adhésion, et éloignera la Géorgie de l’UE au lieu de la rapprocher”a réagi le président du Conseil européen, Charles Michel, sur le réseau social

3 Comment l’opposition au texte se traduit-elle dans la rue ?

Depuis le 9 avril, plusieurs manifestations organisées à l’appel du principal parti d’opposition ont rassemblé des milliers de personnes à Tbilissi et dans les grandes villes. Certains de ces rassemblements ont été marqués par des incidents et des violences.

Ainsi, le 30 avril, la police est intervenue sans sommation, utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, tabassant et arrêtant des dizaines de personnes. Levan Khabeishvili, le président du Mouvement national uni, principal parti d’opposition, a été violemment battu.

Ce dernier a publié sur le réseau social une photo de son visage gonflé. Le ministère géorgien de l’Intérieur a assuré de son côté que la police avait fait usage de la force de manière “légitime” parce que la manifestation était “est devenu violent”, et a indiqué que 63 personnes avaient été arrêtées pour avoir “a désobéi à la police” et commis des actes de vandalisme.

4 Quelles sont les prochaines étapes avant son adoption ?

Malgré trois semaines de manifestations massives et de pressions européennes sur le gouvernement, les députés géorgiens ont débattu du projet de loi en deuxième lecture, mardi 30 avril. Ils ont voté pour le texte à 83 voix pour et 23 contre. Le Rêve géorgien veut l’adopter définitivement d’ici la mi-mai, lors d’un examen de troisième lecture.

La présidente du pays, Salomé Zourabichvili, a annoncé qu’elle utiliserait son veto pour bloquer cette législation au Parlement. Mais ce veto peut être surmonté à la majorité qualifiée, dont dispose le parti au pouvoir. Une fois adopté, le projet de loi doit être signé par le chef de l’Etat.

Charlotte

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