Que vaut « Terminal », la nouvelle série de Canal+ ?

SSi vous étiez un des fans inconditionnels de Hque vous êtes nostalgique de la tuerie de Ramzy Bedia et que l’humour absurde saupoudré de rires donne du ressort à vos zygomatiques, alors vous y serez sûrement Terminalla nouvelle série que Canal+ diffuse ce lundi 22 avril en prime time (en remplacement Fièvre).

A condition aussi qu’on reste friand du principe de la sitcom enregistrée en public avec ses rires sonores censés soutenir les éclats – plus ou moins drôles – des acteurs. Un défi que Jamel Debbouze, coproducteur et coréalisateur de cette série de 12 épisodes, a relevé avec enthousiasme. Sans malheureusement gagner la partie.

Vingt-six ans après les 71 épisodes de H qui s’est déroulé dans un hôpital, Terminal installe ses personnages dans un aéroport, suivant les aventures farfelues de Flywingz, une compagnie aérienne à bas prix. « Cela nous a semblé évident car, à l’instar d’un hôpital, un aéroport est un lieu de passage où se croisent toutes les origines, toutes les générations. C’est un formidable terrain de jeu», explique Jamel Debbouze.

Capitaine pitoyable, copilote capricieux, hôtesses de l’air folles et incompétentes, contrôleurs délirants sont donc convoqués dans une série de mini-intrigues folles, voire complètement folles, qui se succèdent comme autant de petits sketchs très inégaux, joués devant un public dont les réactions ont été enregistrées. « C’est une telle expérience pour un acteur de faire une série tournée en public. C’est un peu du théâtre filmé, avec un retour immédiat du public», assure Jamel Debbouze, soutenu par l’ensemble du casting.

Rires enregistrés en direct

Il n’en demeure pas moins que l’exercice s’avère aussi périlleux que de décoller en pleine tempête, surtout lorsque l’hilarité de ce public ne se synchronise pas avec celle du spectateur. Entre rires décalés ou totalement incompréhensibles, le résultat est souvent contre-productif, voire agaçant. A l’issue de la projection organisée par le festival Canneséries, certains spectateurs soupçonnaient même la production d’avoir “ajouté” quelques rires pour renforcer maladroitement l’effet comique de plusieurs scènes.

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Il faut dire que le pari est audacieux car l’alchimie entre artistes et spectateurs doit être parfaite pour obtenir un résultat convaincant. Jamel Debbouze confirme d’ailleurs que certaines lignes ont été réécrites puis rejouées, compte tenu de l’absence de réactions d’un public parfois même appelé à partager ses idées. Une œuvre d’art qui a parfois dû s’accommoder des quelques improvisations de l’un ou de l’autre. Pas facile !

Décollage difficile pour « Terminal »

Résultat : les trois épisodes de Terminal que nous avons pu visualiser offre la pire comme… la moins mauvaise. Nous vous conseillons d’ignorer la première, scandaleuse, qui pourrait éventuellement faire sourire si elle était présentée comme une parodie de sitcom. Surtout, il ne rend pas grâce aux autres épisodes, qui, bien que noyés sous une pluie de blagues potaches, proposent quelques numéros savoureux.

Notamment grâce à l’humoriste Tristan Lopin, Alexandra Roth et Doully – elle fait partie de l’équipe de Charline Vanhoenacker sur France Inter – qui se portent bien, tandis que Camille Chamoux – l’hilarant Chataléré de La flamme et Torche – dans le rôle d’une hôtesse écolo agressive, assure, tout en restant en pilote automatique. Alors oui, le geste de Ramzy et Jamel Debbouze – qui fait une apparition dans la série – rehausse un peu l’ensemble (pas étonnant que cet épisode ait été choisi pour être diffusé gratuitement ce soir à 21 heures), tout comme certains invités. comme Manu Payet dans “Cap’tain Connard”.

Les trois épisodes diffusés au Palais des Festivals lors de Canneséries devant 2 000 spectateurs n’ont provoqué que quelques rires polis. Le lendemain, lors de la conférence de presse donnée par l’équipe de la série, Mohamed Hamidi, co-réalisateur et co-scénariste, n’a pas caché son “désordre”, arguant qu’une série comme Terminal se regarde dans l’intimité de son salon. On ne peut qu’espérer que son analyse soit pertinente.