NLa French touch, star de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris 2024, n’est pas un dérivé du French kiss. Ni même du French cancan. La French touch est un mouvement musical né à la fin des années 1980 et qui a marqué une véritable révolution dans la musique électronique. On vous explique pourquoi.
À la fin des années 1980, la musique électronique a explosé dans le monde entier et a vu l’émergence de la house music ainsi que de nouvelles techniques d’échantillonnage (prendre un extrait sonore existant, le retravailler et l’intégrer dans une nouvelle composition).), mais il n’existe pas encore de scène musicale de ce genre en France. Plusieurs DJ, comme un certain Laurent Garnier, qui s’est exporté à Londres, Manchester et New York, fait découvrir la house au public parisien. En 1987, le photographe Jean-Claude Lagrèze organise des soirées « French touch » tous les mercredis dans la mythique discothèque du Palace.
Les deux années suivantes vont tout changer. Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher ferme les mines, tandis que la jeunesse – qui découvre une nouvelle drogue, l’ecstasy – organise de gigantesques soirées techno (les raves) au rythme de l’acid house, genre musical marqué par l’avènement des synthétiseurs à lignes de basse. C’est le « Second Summer of Love » mais la « Dame de fer » interdit les rassemblements autour de la techno. Les organisateurs des « raves » s’exilent en France.
Daft Punk, Cassius, Étienne de Crécy… Et Paris devient l’épicentre de la musique électro
Années 90. Ils sont quelques apprentis DJ musiciens et producteurs en herbe, à jouer dans les clubs parisiens : Laurent Garnier, Daft Punk, Air, Étienne de Crécy, Cassius, Bob Sinclar, Alex Gopher, St Germain, DJ Cam, The Mighty Bop ou Mr. Oizo… Ils vont bousculer le monde de la musique. Certains montent leur propre label, d’autres se mettent à composer, produire et sortir leurs propres morceaux. Parfois même les deux.
De 1996 à 1999, la sortie de quelques albums, devenus incontournables – Pansoul de Motorbass, Super réduction par Étienne de Crécy, Safari lunaire de l’air, 1999 de Cassius – marquera l’apogée du mouvement. De simples DJ, remixeurs ou performers de club, les artistes deviennent de véritables créateurs.
L’album Devoirs (1997) par Idiot Punk va tout changer. Enregistré à la maison avec des ressources limitées, le projet poffre des sons nouveaux et hypnotiques – Un festival qui mêle house, techno, funk et disco, qui contraste avec les morceaux électroniques plus complexes ou commerciaux de l’époque. Bien au-delà de l’aspect musical, le duo aux casques rétrofuturistes apporte aussi pour la première fois une dimension visuelle au genre. Paris devient véritablement l’épicentre de la musique électronique.
Au début des années 2000, la French touch perd un peu de son élan. Les grandes maisons de disques veulent que leur production soit labellisée « French touch ». Le genre devient désuet : il est devenu trop populaire, trop important, trop ennuyeux. Le groupe Justice, dernier avatar de l’équation formé en 2003, marquera ainsi la dernière grande vague de la French touch avec ses morceaux électro-rock puissants.
La French touch, un « label » plus qu’un genre musical
Qu’est-ce qui fait le La touche française révolutionnaire, c’est sa capacité à mélanger ces différents genres tout en y ajoutant une élégance propre à la culture française. Daft Punk a Airen passant Cassius Ou Étienne de Crécy, tous ont repoussé les limites de la musique électronique en y apportant une touche artistique unique. Mais comme l’expliquait le groupe Justice en 2018 à L’ObsLa French touch n’est pas un genre musical en soi : “c’est une étiquette”. Car la musique associée au terme ne s’apparente pas toujours à de l’électro – le groupe de rock Phoenix en est un exemple – et n’est pas forcément dansante, à l’image du groupe Air et de ses morceaux downtempo et stellaires.
Mélange fourre-tout, la French touch est tout simplement devenue synonyme de succès international pour les artistes français, qu’ils soient de la musique électronique ou non. Le mot a même depuis été adopté dans d’autres domaines pour représenter l’excellence française, à l’image de la saga publicitaire « Renault French touch », lancée en 2011 par le géant français de l’automobile.
De Jean-Michel Jarre à Kungs, en passant par Polo & Pan, Kungs, Martin Solveig, Nathalie Duchene, Ofenbach ou encore The Avener, vingt-quatre artistes de la French touch seront au Stade de France ce dimanche 8 septembre, pour un show inédit à l’occasion de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques 2024. Il sera diffusé en direct sur la chaîne France 2, à partir de 20h20