Un décès et de nombreuses questions sans réponse. Deux jours après la mort vendredi 27 septembre du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah dans un raid israélien, l’hypothèse d’une réaction de la mouvance islamiste se pose.
L’Iran menace, mais…
Si ce dernier semble fragilisé, nombre de ses dirigeants sont morts ces dernières heures et d’une manière générale depuis le début de l’année, l’Iran, son principal soutien, a décidé de montrer les dents.
Le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, a “prévenu” samedi que l’assassinat de Nasrallah entraînerait la “destruction” d’Israël. Téhéran a également indiqué samedi que la « ligne de Hassan Nasrallah continuerait » malgré son élimination.
Cependant, l’Iran ne dispose pas d’une énorme marge de manœuvre. “Ils n’ont aucun poids militaire face à Israël ou aux Etats-Unis”, indique notre correspondant défense Jérôme Pellistrandi sur BFMTV. Et à cela s’ajoute la situation sociale compliquée du pays.
“La situation est très embarrassante pour l’Iran. Le leader du Hamas a été éliminé à Téhéran, nous faisons de grands discours, nous voulons punir… Mais il y a une grande fragilité interne, avec la société, les femmes qui contestent le pouvoir. Est-ce qu’il y aura une impasse avec Israël ? C’est peu probable… » ajoute-t-il.
Alors, quelle solution reste-t-il à Téhéran ? Peut-être par des intermédiaires : “L’Iran va rester très en retrait pour le moment et laisser le Hezbollah se reconstituer, laisser (ses alliés, ndlr) faire les Houthis, les forces chiites en Irak, et repartir. Je ne vois pas pourquoi ce combat stop”, nuance sur BFMTV Laurent Hauben, grand reporter et ancien correspondant à Jérusalem et au Moyen-Orient.
Le Hezbollah ébranlé
Concernant l’entité Hezbollah, une réponse est néanmoins nécessaire à court ou moyen terme au vu de ces derniers jours. Mais le mouvement chiite libanais, longtemps considéré comme invincible, apparaît très affaibli après les coups infligés par Israël ces derniers mois.
“Si, à ce stade, le Hezbollah ne répond pas avec son arsenal de missiles de précision à longue portée, nous conclurons qu’il n’en a tout simplement pas la capacité”, a déclaré Heiko Wimmen, spécialiste de la région à International Crisis. Groupe (ICG). “Soit nous assistons à une réaction sans précédent du Hezbollah (…) Soit sa défaite totale”, ajoute-t-il.
Outre l’élimination de ses dirigeants, l’attaque spectaculaire aux pièges et aux talkies-walkies à la mi-septembre visant des membres du Hezbollah, qui a fait 39 morts et près de 3 000 blessés, a ébranlé le mouvement. Hassan Nasrallah lui-même a reconnu « un coup dur et sans précédent ».
Pour Sam Heller, analyste à la Century Foundation, le mouvement est désormais confronté à un problème existentiel : une non-réponse de sa part encouragerait Israël à poursuivre ses attaques.
« Ils n’ont pas montré les moyens que nous pensions avoir », dit-il, admettant que le Hezbollah a peut-être « bluffé » et « survendu » ses capacités. Ou que ceux-ci ont été en grande partie détruits par les Israéliens. Quoi qu’il en soit, sa réputation est entachée.
Depuis le début de la campagne de bombardements massifs d’Israël contre les bastions du Hezbollah au sud du Liban et dans les banlieues est et sud de Beyrouth, plus de 700 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers d’autres ont été déplacées à travers le pays. Le mouvement « apparaît désormais incapable de protéger sa base et de se protéger », ajoute Sam Heller.
Le mouvement devra riposter pour sauver la face et “remonter le moral de ses partisans”, mais aussi éviter que sa riposte ne conduise à “un tapis de bombardements sur Beyrouth ou sur tout le Liban”, renchérit Amal Saad, chercheuse. Libanais de l’Université de Cardiff.
Ce dimanche, l’armée israélienne a encore frappé plusieurs positions du Hezbollah dans le sud du pays, avant une éventuelle incursion terrestre dans les jours à venir.
Article original publié sur BFMTV.com